Un duo Piazzolla sans Piazzolla |
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Opinion |
Écrit par Pierre Lauzon |
Dimanche, 31 Octobre 2010 |
Isabelle Héroux est guitariste, d’une très grande virtuosité. Elle est détentrice d’un doctorat en musique. En plus de se produire seule, en duo et avec orchestre, d’endisquer plusieurs œuvres, de publier différents articles pour des revues spécialisées en guitare et un ouvrage majeur sur le jeu de la guitare classique, elle enseigne la guitare et la pédagogie instrumentale à l’université. C’est donc à une musicienne de haut niveau que nous avons affaire. Patrick Healey est flûtiste et piccoliste. Il détient même un doctorat en interprétation au piccolo, ce qui doit être assez rare au monde. Depuis 2002, il joue avec l’Orchestre du Centre National d’Ottawa. Il joue aussi régulièrement avec l’Orchestre Symphonique de Québec et celui de Montréal, ainsi que l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Lui aussi, il s’est déjà produit un peu partout et a endisqué avec le Duo Piazzolla, ainsi que l’Ensemble En-le-vent qu’il a aussi fondé. C’est donc à un musicien de haut niveau que nous avons affaire. À Prévost, en cette fin d’octobre, alors que la première vraie neige de l’hiver à venir nous rendait visite, ce fut vraiment la rencontre chaleureuse avec deux artistes exceptionnels qui maîtrisent parfaitement leur instrument respectif. Isabelle Héroux, très à l’aise sur scène, fut tout au cours de la soirée la présentatrice des œuvres au programme, question de réchauffer ainsi la gorge de Patrick Healey entre les interprétations, la presque totalité interprétées à la flûte traversière. Madame Héroux sait mettre le public de son côté par les explications qu’elles nous donnent et par son sens fin de l’humour. Les œuvres au programme étaient très variées. Toutes étaient interprétées avec finesse et grand art. Plusieurs d’entre elles n’ont pas été composées au départ pour une guitare et une flûte. Toutefois, à chaque fois, Isabelle Héroux et Patrick Healey ont su nous les présenter avec beaucoup de virtuosité. La composition, entre autres, du japonais Michio Miyagi était sûrement à la hauteur de l’œuvre initiale. Que de talent! Là où je suis sorti un peu déçu de cette soirée, c’est qu’il manquait un ingrédient important à ce menu musical. Si on m’invite à un repas Terre et mer, je m’attends à ce qu’il y ait, entre autres, du poisson ou des fruits de mer à manger. Même si le repas relève d’un très grand chef et que je n’ai rien à lui reprocher, tellement c’était succulent, savoureux, je sortirais de ce repas déçu de la partie manquante du repas. Si on m’invite à un spectacle d’un ensemble quelconque qui se prénomme Chopin, Mozart ou autre, je m’attends donc à ce qu’il y ait au moins une ou quelques œuvres de Chopin, Mozart…
Ce sera sûrement pour une prochaine fois. Comme quoi, le talent ne suffit pas. Les attentes du public pèsent aussi dans la balance. Pierre Lauzon |