De la grande visite |
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Opinion |
Écrit par Pierre Lauzon |
Dimanche, 25 Avril 2010 |
C’est dans ce contexte d’artistes invités de marque et fort de l’appui du Conseil municipal de Prévost par la présence du maire, monsieur Germain Richer, et du maire suppléant, que la soirée s’annonçait très prometteuse. Malgré tout, la salle n’était pas comble, comme elle aurait dû l’être pour de la si grande visite. Quand des membres du Conseil municipal de Prévost ne sont pas présents, il y a peut-être de quoi se questionner sur l’importance véritable accordée à cette visite malgré la remise aux artistes invités, à la fin, d’une lithographie de Prévost et d’un vin d’honneur, événements très exceptionnels. Pourtant, il est indéniable que le très grand talent de ces deux artistes internationaux était au rendez-vous. Dès les premières notes du Grand duo en la majeur, opus 162, de Franz Schubert, le ton était donné. Nous avions immédiatement le fort sentiment que nous étions en présence de deux artistes en pleine maîtrise de leur art. Tout au long de leur concert, sans se regarder, ils étaient constamment en parfait synchronisme dans des œuvres pas toujours évidentes et qui demandent de ne pas se tromper d’une seconde ou d’une fraction de seconde dans les différents accords musicaux. Elena Denisova et Alexei Kornienko nous ont offert quatre œuvres mettant nettement en valeur la très grande maîtrise de leur art, dont cette œuvre de Schubert en ouverture de programme. Ils ont clôturé leur programmation avec la Sérénade pour violon et piano en la majeur du compositeur autrichien, Alexander von Zemlinsky. Ces deux pièces musicales étaient énergiques et accessibles, même si elles étaient inconnues pour la plupart des gens présents en ce dernier samedi d’avril. Si monsieur Kornienko est plus austère et solennel à son piano, c’est tout à fait le contraire pour madame Denisova, qu’on qualifie de la Piaf du violon en raison du fait qu’elle n’est pas très grande, mais surtout pour la passion qu’elle met dans ses interprétations. On dirait presque, parfois, qu’elle danse avec son violon dont elle fait corps. En ce sens, elle sort du cadre conservateur que pourrait avoir un tel concert. Les deux autres œuvres au programme, soit celles avant et après la pause, étaient de monsieur Dimitrov. Ses œuvres qui se veulent des compositions alliant des principes d’esthétique et de composition classiques et non conventionnels à la liberté et à l’improvisation, deux caractéristiques du jazz, sont nettement plus hermétiques et difficiles d’appréciation pour monsieur et madame Toutlemonde. Quand de telles œuvres constituent la moitié de la programmation, cela ne peut qu’alourdir l’écoute des gens qui ont répondu à l’invitation. Certes, les Diffusions Amal’Gamme n’ont aucun contrôle sur les choix musicaux de leurs artistes invités. Toutefois, je réitère qu’il importe que ces artistes comprennent qu’ils ne viennent pas jouer devant une élite musicale pour la très grande majorité. Que des œuvres nouvelles, voire même un peu plus difficiles d’accès, soient un peu au programme, là n’est pas le problème. Par contre, le simple mélomane a besoin de se reconnaître dans les choix musicaux. Il y a longtemps, maintenant, que des artistes ou des ensembles musicaux de chez-nous, comme des Alain Lefebvre, des Michel Corbeil, l’Orchestre symphonique de Montréal ou l’Opéra de Montréal, ont compris cela. Les artistes qui viennent nous rendre visite et dont nous répondons à leur invitation, au-delà de leur talent et de la maîtrise de leur art, se doivent d’en tenir compte. Ne dit-on pas qu’on n’attire pas les abeilles avec du vinaigre?
Pierre Lauzon |