Mot de passe oublié ?
Member Area

La15Nord.com

Friday
May 02nd
Une guitare à  apprivoiser Imprimer Envoyer
Opinion
Écrit par Pierre Lauzon   
Samedi, 17 Avril 2010

La scène était joliment fleurie. Le partenariat avec la Société d’Horticulture et d’Écologie de Prévost n’était certes pas étranger à cette mise en scène. Toutefois, il faut reconnaître que les Diffusions Amal’Gamme se font toujours un devoir d’enjoliver la scène pour chaque spectacle, ce qui, autrement, serait très austère.

Toujours en raison de ce partenariat, de nombreuses personnes avaient répondu à l’invitation de cet important diffuseur des Laurentides. Cette idée de partenariat fut une excellente idée tout au long de l’actuelle programmation afin d’inciter des gens à rencontrer des artistes de très grand talent et à s’initier à des musiques pas toujours habituelles. En plus de s’ouvrir à des univers musicaux, comme le dit le président des Diffusions Amal’Gamme, cela permet, au sein même de Prévost et des alentours, de mieux se connaître, de créer des liens. Jeudi soir dernier, l’artiste invité était Michel Beauchamp, un guitariste. Malgré qu’il soit encore un jeune musicien, car il n’a commencé sa carrière professionnelle que depuis sept ans, il a déjà une formation très solide, ayant étudié avec de grands maîtres de la guitare, et une feuille de route qui l’a amené à se produire au Canada, aux États-Unis et en France. Même s’il est guitariste, il ne donne pas pour autant dans la musique populaire ou dans le rock, comme beaucoup de guitaristes que nous pouvons connaître. Au contraire, son répertoire est surtout classique. Nous avons affaire ici non pas au guitariste debout, mais à celui assis, penché et très concentré sur son interprétation. Au départ, c’est plus austère.

Michel Beauchamp avait programmé des œuvres de Francisco Tárrega, ce guitariste et compositeur espagnol qui est considéré comme le père de la guitare classique moderne, et de Johann Sebastian Bach qui n’a plus besoin de présentation. Il devait nous présenter Tárrega en première partie et Bach en seconde partie. D’entrée de jeu, il nous a informés qu’il avait décidé d’inverser cette programmation, ce qui s’est avéré une excellente idée parce que l’écoute des œuvres de Bach se révèle beaucoup plus arides ou difficiles à écouter pendant près d’une heure que les œuvres de Tárrega.

Les connaisseurs, musiciens ou non, ainsi que les grands amateurs de guitare classique ont sans aucun doute apprécié les interprétations de Michel Beauchamp, car le talent, le doigté, la subtilité étaient au rendez-vous. Toutefois, pour monsieur ou madame Toutlemonde, dont je considère faire partie, c’est beaucoup plus difficile à y prendre plaisir. Cette musique, celle en particulier de Bach, est celle qu’on associe facilement à celle qu’on jouait pendant les repas ou les soirées mondaines des rois d’autrefois. C’est le type de musique qu’on peut mettre dans notre lecteur cd pour accompagner tout en douceur la lecture d’un livre ou pour relaxer et laisser errer notre imagination. Par contre, assis dans une salle de spectacle et n’avoir qu’à se concentrer sur l’interprétation d’un guitariste aussi talentueux soit-il, c’est beaucoup plus exigeant pour le spectateur, l’auditeur.

Les œuvres de Francisco Tárrega en deuxième partie étaient déjà un peu plus accessibles et un peu plus captivantes. En plus de Mazurkas et d’Airs nationales espagnoles, Michel Beauchamp nous a offert une magnifique interprétation de l’œuvre sans doute la plus connue de Tárrega, la Recuerdos de la Alhambra. À ce moment-là, nous pouvions sentir l’appréciation de toute la salle d’être en terrain plus connu.

En guise de rappel, monsieur Beauchamp nous a offert une courte et douce œuvre de Tárrega qu’il nous a présentée, sans doute avec un certain humour, comme pouvant nous apaiser après des œuvres préalables soit disant un tantinet trop énergiques. Car, s’il est plutôt austère dans ses interprétations, il est plus chaleureux quand il communique directement avec son public lors de ses présentations d’œuvres ou hors scène.

 

Cette soirée fut la plus exigeante de toutes celles qu’il m’a été donné d’assister dans le cadre de la programmation des Diffusions Amal’Gamme. Si cela avait été le seul spectacle auquel j’avais assisté, peut-être que je ne serais pas incité à récidiver. Mais, comme la palette de couleurs de notre diffuseur de Prévost est très large, c’est avec plaisir que je serai présent avec ma conjointe pour répondre au rendez-vous de deux artistes russes de très grand talent le samedi, 24 avril, prochain.

Ce qui importe dans une programmation, c’est qu’il y en ait pour tous les goûts. Diffusions Amal’Gamme répond à ce besoin essentiel.

Pierre Lauzon       
Les éditions Pommamour