Le talent boudé |
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Opinion |
Écrit par Pierre Lauzon |
Lundi, 29 Mars 2010 |
Dans le patelin de mon enfance, il ne s’y passait pas grand-chose. Un spectacle dans mon petit coin de pays était tellement rarissime, encore plus que les oranges, que s’il y en avait un, tous y accouraient pour voir l’artiste, pour voir ce cadeau inespéré. Pour voir un spectacle, il fallait penser à se déplacer vers Montréal. Les grands artistes de tous les univers ne venaient que très exceptionnellement en régions, comme on dit aujourd’hui. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C’est plutôt le contraire. Ce n’est que pour des spectacles de grandes envergures comme le Cirque du Soleil, ceux au Centre Bell ou des grands ensembles, tels l’Orchestre symphonique de Montréal ou les Grands ballets de Montréal, qu’il nous faut penser à prendre la 15 pour les voir. Tous les autres artistes viennent à nous. Les diffuseurs sont nombreux. Le choix est très varié et très accessible. Vous n’avez qu’à voir tout le menu artistique annoncé sur notre journal virtuel pour constater dans quelle abondance nous baignons. Tout comme l’orange, c’est devenu banal qu’un ou une artiste vienne nous livrer son art dans notre patelin. Ce n’est plus un événement. L Force fut de constater que les Sauverois et les Sauveroises n’ont pas entendu l’invitation de très grande qualité qu’on leur avait faite, qu’ils et elles l’ont boudée en quelque sorte. Comme l’orange qu’il faut éplucher, cela demande un petit effort pour quitter son nid douillet et se rendre sans difficultés au lieu rapproché du spectacle. Toutefois, tout comme l’orange, quel bonheur, quel plaisir pour le si petit effort demandé!!! Car les « audacieux » qui étaient présents au Chalet Pauline-Vanier, pour la plupart de l’extérieur de Saint-Sauveur, ont eu beaucoup de plaisir à suivre cette très grande artiste qu’est Karen Young et son complice, Éric Auclair, dans leur aventure musicale. C’était en effet une aventure (le titre même, « Électro-Beatniks », le laissait entendre), mais nullement trop flyée pour ne s’adresser qu’à des connaisseurs. Premièrement, il était évident que Karen Young et Éric Auclair étaient heureux de nous rendre visite. Le mélange de la merveilleuse voix de madame Young qui se mariait tellement bien aux cordes de monsieur Auclair et aux instruments électroniques, nous a permis de plonger dans un univers si mélodieux et si peu souvent accessible. La majeure partie du menu de ce dernier samedi de mars était composé de poèmes de Karen Young, mis en musique avec la complicité d’Éric Auclair. C’était inusité, surprenant parfois, mais combien captivant. Nous avons eu droit aussi à quelques autres œuvres, dont deux chansons en français de Richard Desjardins que Karen Young nous a offertes à la hauteur du talent que nous lui connaissons depuis plus de trente ans.
Au plaisir de vous voir nombreux à Prévost pour le reste de la programmation des Diffusions Amal’Gamme! Pierre Lauzon |