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Le Canada est enfin cohérent! Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 19 Mars 2012

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on parle des deux solitudes dans notre si beau et grand pays, le plus meilleur, aurait dit le plus Chrétien de nos premiers ministres. On pourrait même dire que c’est depuis sa création en 1867, si ce n’est avant. Déjà, à cette époque, ce n’était pas un mariage de passion, de convergences de points communs. Ce n’était qu’une union d’affaires. Nos mères patries, la France et l’Angleterre, étaient d’ailleurs deux entités tout à fait distinctes. La tradition britannique n’avait et n’a toujours rien à voir avec la tradition française. Ce sont deux cultures tout à fait différentes qui assument chacune leur souveraineté. Et c’est très bien ainsi. N’est-ce pas la richesse et la diversité des nations qui font la grandeur de notre humanité?

Depuis près de 145 ans, ce Canada a cherché à ce que les deux nations fondatrices puissent vivre en harmonie dans ce deuxième plus grand pays au monde en superficie, d’autant plus qu’il fallait chercher le plus souvent à accommoder la nation francophone en raison de son poids démographique et de sa représentativité électorale. C’est ce qui a toujours irrité une très grande partie de la nation anglophone, car ils et elles n’ont jamais compris pourquoi, suite à la défaite des Plaines d’Abraham, ces têtus de francophones refusaient de se fondre dans la masse nord-américaine qui a très largement une langue et une culture si dominante. Comme lorsqu’on doit cohabiter avec un coloc qui ne semble jamais satisfait, comme lorsqu’on veut faire cohabiter un végétalien et un farouche carnivore, un fumeur invétéré et un amateur de grand-air, un socialiste et un pur capitaliste, la nation anglophone a fait de multiples compromis pour éviter trop souvent que la menace de divorce ne devienne une réalité. Car ce coloc, jusqu’à récemment, n’a jamais hésité à brandir cette menace pour maintenir son pouvoir au sein de ce pays. S’il y a eu tant d’accommodements raisonnables, c’est que la nation anglophone, qui a trop longtemps cherché qui elle était vraiment, ne voulait pas privilégier plutôt la cohabitation avec le voisin du sud.

Cet empire anglophone a cherché plus souvent qu’autrement à doter ce pays de leaders francophones ou issus de cette région toujours récalcitrante pour qu’eux trouvent les mots qu’il fallait pour calmer cet élément perturbateur. C’est ainsi que nous avons eu droit aux Laurier, Saint-Laurent, Trudeau, Mulroney, Chrétien et Martin lors des moments où les sautes d’humeur des francophones se faisaient plus menaçantes. C’est pourquoi la nation anglophone a accepté le bilinguisme, le multiculturalisme, le beau risque à la condition que cela puisse acheter la paix. Elle s’est même abaissée jusqu’à un Love-in indécent quand, en 1995, ce fichu coloc semblait avoir déjà préparé ses valises pour un départ définitif.

Puis, sans doute lasse de toutes ces menaces, de tous ces jappements de chiens qui ne savent pas mordre, la nation anglophone a choisi l’indifférence, a choisi de s’assumer pleinement pour la première fois de son existence. Sans rien dire, elle a cessé d’écouter le coloc malcommode. Elle a fixé finement son cadre de vie. Dorénavant, c’est selon son régime de vie que la suite des choses s’écrira, que cela fasse l’affaire du coloc ou non, d’autant plus que sa crédibilité de chialeux éternel, de jamais satisfait ne l’émeuve plus, ne la bouleverse plus. Récemment, elle s’est donné un leader à son image. Il n’est pas le choix de ces foutus francophones qui l’ont ignoré à plus de 80% aux dernières élections? Que cela ne tienne! Ce pays n’a plus besoin d’eux pour s’épanouir et pour se doter enfin d’un environnement à leur image.

Un récent sondage paru dans le Journal de Montréal mettait en lumière que le fossé était de plus en plus grand entre les deux sociétés ou nations fondatrices de ce Canada tant rêvé et espéré par certains. Les Québécois se reconnaissent de moins en moins dans ces valeurs et politiques canadiennes. Surprise? Comment cela surpris? Y a-t-il des gens qui ont dormi pendant tout ce temps pour ne pas s’en être rendu compte? S’il y a une réalité qui a toujours habité ce pays, c’est que les anglophones ne s’y reconnaissaient pas. Aujourd’hui, ils s’y reconnaissent de plus en plus et c’est nous, les Québécois, qui ne nous y reconnaissons plus. Le monde à l’envers? Pas du tout! C’est plutôt que le Canada anglais a enfin décidé d’être cohérent, d’être bien dans sa peau, au lieu de chercher à plaire constamment à tous ces Pierre, Jean, Jacques.

Quand, nous de la nation francophone, nous déciderons-nous enfin d’être cohérent avec ce que nous sommes fondamentalement? Quand déciderons-nous de nous assumer comme toute nation adulte se doit de le faire? La nation anglophone l’a fait avant nous. Devons-nous l’en blâmer?

Johnny Marre