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La loyauté envers le boss Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 05 Mars 2012

Récemment, je faisais écho au fait que la commission scolaire de la Rivière-du-Nord poursuivait tous les enseignants d’une de ses écoles, ainsi que leur syndicat, pour leur attitude face à l’ex-directrice de cette école. Derrière ce conflit de travail se cachait le sacro-saint principe de la loyauté envers son employeur. Mais qu’est-ce en fait cette loyauté? Jusqu’où doit aller cette loyauté?

Dans cette chronique du 6 février dernier, je vous faisais part aussi de la tentative de mon ex-employeur, la commission scolaire de la Seigneurie des Mille-Îles, de me faire taire au nom de cette loyauté. La commission scolaire, par l’entremise de son directeur-général, tentait de me museler. En vain. Parce que j’étais prêt à me battre pour ma liberté d’expression, surtout que, selon mes convictions les plus profondes, mes véritables employeurs étaient les citoyens du Québec qui paient pour que nous ayons un système public d’éducation de qualité. Tout au plus, j’ai accepté de confirmer que certains propos ou interprétations de mes propos n’étaient pas exacts. En tant qu’enseignant, j’ai la très grande conviction que j’ai toujours été loyal envers mon employeur et, encore plus, envers mes élèves et les parents de ceux-ci. Ma première et seule loyauté a toujours été de livrer jour après jour le meilleur de moi-même et d’amener chacun des élèves que l’on me confiait pour une année scolaire à progresser toujours un peu plus sur le sentier de leurs jours. Je suis loin de prétendre que j’ai eu le même succès avec tous et toutes. Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours eu le plus grand respect pour chacun d’entre eux. Certains en ont gardé certes un excellent souvenir. D’autres, non. On ne peut pas plaire à tous. Le courant éducatif ne peut passer pas au même niveau avec tous. Ce qui comptait pour moi, c’était de bien faire, jour après jour, auprès de mes élèves, ce que pour quoi j’avais été engagé au départ.

Pour le restant, ce n’était plus de la loyauté. Entretenir les meilleures relations possibles avec mes collègues de travail, qu’ils soient enseignants, professionnels, membres du personnel de soutien ou du service garde, ainsi qu’avec ma direction de l’école, participer au meilleur climat de travail pour tous, adultes ou enfants, apporter ma petite pierre quotidienne à l’édification d’une école de qualité, cela s’appelle du respect des autres, du sens des responsabilités et d’un comportement cohérent. Mais pas à n’importe quel prix.

C’est pourquoi il m’est arrivé à plusieurs occasions de critiquer ou de remettre en questions des décisions ou des façons d’agir de ma direction d’école ou de ma commission scolaire. À partir du moment où je sentais que les élèves ou un membre du personnel n’étaient pas respectés dans leur droit à une éducation de qualité ou dans ses conditions de travail, j’ai toujours cru qu’il était de mon devoir de questionner ou plus la façon d’agir fautive, au lieu de prétendre que cela ne me concernait pas ou en essayant de regarder ailleurs pour ne pas voir le manque de respect sous mes yeux.

Il devrait en être de même dans tous les milieux de travail, qu’ils soient publics ou privés. La seule loyauté que tout travailleur se doit d’avoir pour son employeur, c’est de faire son travail correctement. Si, par contre, ce travailleur est témoin d’un manque de respect ou d’une faute grave, voire illégale, de la part de son employeur, notre démocratie devrait reconnaître à ce travailleur le droit inaliénable de dénoncer ces manquements ou ces fautes, sans subir le moindre préjudice.

Si c’était le cas, notre système d’éducation et de santé ne s’en porterait que mieux. Les différents organismes gouvernementaux, paragouvernementaux, les sociétés d’État seraient en meilleure santé. Si c’était le cas, il y a longtemps que nous saurions ce qui s’y passe et nous n’aurions pas besoin d’une Commission Charbonneau qui va nous coûter plusieurs millions de dollars pour faire la lumière sur une lumière qui devrait avoir brillé sans cesse depuis longtemps.

Que ce soit à la commission scolaire de la Rivière-du-Nord ou ailleurs, les tentatives de faire taire les gens sont des attaques à nos fondements démocratiques. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement a fait un premier pas pour rétablir cette liberté de parole quand il a adopté la loi anti-bâillon. Le prochain pas à franchir est de donner cette liberté à tous les fonctionnaires de l’État et à tous les travailleurs dans les entreprises. Ainsi, les magouilles, les manigances, les manques de respect seront plus difficiles parce qu’ils risqueront de devenir publics. La loyauté, quant à elle, elle retrouvera sa vraie place, celle du devoir bien fait, bien accompli.

Johnny Marre