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Les destructeurs de pays Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 14 Novembre 2011

De tous temps et de tous lieux, les pays ont et auront toujours besoin de bâtisseurs pour faire progresser positivement le peuple qu’ils et elles veulent représenter ou qu’ils ou elles veulent enrichir à tous les points de vue. L’Histoire humaine est riche de tous ces gens, avec leurs défauts et leurs qualités, qui ont contribué à faire le monde dans lequel nous vivons présentement.

Dans cette chronique, je vous parlais récemment de gens d’ici, comme Paul Mercier, qui, plus souvent qu’autrement, ont travaillé ou travaillent présentement dans l’ombre pour un monde meilleur. Puis, il y a ceux et celles sur qui les projecteurs de l’Histoire ont mis à tout jamais la lumière pour nous souvenir d’eux. Il y a les artistes de tous les horizons, les Leclerc, Miron, Deschamps, Gélinas, Tremblay, Dion, Fortin, Laberge, Séguin, Riopelle… Il y a les entrepreneurs, les Bombardier, Laliberté, Coutu, Lemaire, Chagnon, Desjardins, Sapputo, Molson, Garneau, Watier… Il y a les éveilleurs, les Chartrand, Bourgault, Falardeau, Desjardins, Ferron… Puis, il y a les hommes et les femmes politiques de toutes allégeances, les Laurier, Trudeau, Lévesque, Drapeau, Lesage, Casgrain, Mercier, Papineau, Bourassa, Parizeau… De ces hommes et femmes politiques, le peuple non seulement s’attend, mais exige qu’ils s’occupent adéquatement de la gouvernance de leur société. En bonus, s’ils peuvent amener ce peuple vers des horizons de plus en plus ensoleillés, l’élever de plus en plus vers des sommets parfois insoupçonnés pour un plus grand bonheur personnel et collectif, ces messieurs et mesdames Toutlemonde en seront ravis et grandis. Mais ces politiciens peuvent faire tout à fait le contraire, détruire au lieu de construire.

Il faut reconnaître que nous ne sommes guère gâtés par les temps qui courent. Le portrait des bâtisseurs est très clairsemé. Car, entendons-nous, il n’est pas question ici des politiciens qui, quotidiennement, travaillent à bien faire fonctionner le système. Entretenir, ce n’est pas bâtir. Ici, il est question de cette couche rarissime d’hommes et de femmes qui réussissent à nous stimuler, à nous donner le goût de les appuyer pour nous élever collectivement.

Au-delà de toute allégeance politique, souverainiste, fédéraliste, attentiste, de gauche, de centre ou de droite, il nous faut reconnaître que notre terreau québécois est très pauvre en ce moment et c’est pourquoi il ne faut pas se surprendre du cynisme, voire même de l’indifférence du peuple face aux politiciens actuels qui sont les porte-drapeaux ou aux défis pelletés toujours par avant. Au fédéral, avec une seule majorité de sièges au parlement canadien, mais sans celle des électeurs, Stephan Harper est en train de transformer profondément le Canada et de détruire un pays qui correspondra de moins en moins aux valeurs québécoises, un pays qui sera de moins en moins à notre image. Si ce n’est détruire, qu’est-ce que c’est?
 
Au provincial, il y a un premier ministre qui, lui aussi, fort d’une majorité de sièges à l’Assemblée nationale, mais non de celle des électeurs, a réussi à mettre les deux mains sur le volant en promettant qu’il fallait lui faire confiance. Pendant plus de deux ans, Jean Charest, ce conducteur de la machine québécoise, a refusé d’écouter la vaste majorité de ses passagers sur la route à suivre pour, entre autres, une Commission d’enquête. Son entêtement et sa propension à ridiculiser ses adversaires, au lieu de se comporter en véritable chef d’État, ont largement contribué au cynisme actuel et à la propagation de sa gangrène politique à l’ensemble de toute la classe politique. Si ce n’est pas détruire, qu’est-ce que c’est?

Au niveau de l’opposition officielle, au-delà de ses compétences indiscutables et de son potentiel à bien gouverner le Québec, la cheffe du Parti Québécois persiste et signe malgré que le courant ne passe pas entre elle et l’ensemble de l’électorat. Peu importe les raisons (c’est une femme, elle a de l’argent, elle n’est même pas capable de gérer son parti, comment pourra-t-on lui faire confiance pour mener à bon port le navire québécois, etc…), il y a une triste réalité pour elle : elle se doit de laisser sa place. Pour Pauline Marois, il n’en est nullement question. Elle refuse même de soumettre son leadership à l’ensemble des membres de son parti. Certains parlent de détermination. Toutefois, quand cette détermination nous rend aveugle d’une triste réalité, ce n’est plus une qualité. Elle est largement responsable de l’effondrement à venir du Parti Québécois et du projet souverainiste. Si ce n’est pas détruire, qu’est-ce que c’est?

L’espace de cette chronique ne me permet pas de continuer la liste. Aux prochaines élections, encore une fois, le peuple qui mérite beaucoup mieux, risque fortement de voter non pas pour quelqu’un, mais plutôt contre d’autres et contre un appauvrissement collectif, s’il ne s’abstient pas encore davantage. Nous méritons beaucoup mieux. N’allez pas me parler de François Legault (pourtant beaucoup plus riche que Pauline Marois, monétairement, entendons-nous!) qui tablera sur la faiblesse de ses adversaires et sur des propositions simplistes à des problèmes beaucoup plus complexes! Lui aussi nous enfoncera davantage dans le cynisme quand il gouvernera avec une simple majorité de sièges et nous éloignera de nos rêves et de nos espoirs collectifs. Si ce n’est détruire, qu’est-ce que c’est?

Où se cachent les bâtisseurs dont nous avons un urgent besoin? Où se terrent ceux et celles qui peuvent nous faire rêver personnellement et collectivement? Au-delà de l’hiver qui se pointe le nez, l’avenir s’annonce vraiment froid.

Johnny Marre      

P.S. : Venez me rencontrer les 3 et 4 décembre prochain, au kiosque des Éditions Pommamour, lors de l’Exposition des artistes et artisans à Prévost.