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Que de violence! Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 22 Août 2011

Personne n’est pour la violence. Pourtant, à chaque jour, nous en subissons, des petites ou de plus grandes. Nous-mêmes, nous en sommes régulièrement les protagonistes, de façon volontaire ou non. Je ne sais pas si vous vous souvenez de l’excellent film « Chien de paille » avec Dustin Hoffman, sorti en 1971 et dont un « remake » devrait prendre l’affiche en novembre prochain. Ce film met en lumière qu’aussi pacifique que nous puissions être, il y a toujours un profond fond de violence en nous si une situation l’exacerbe trop.

Récemment, j’ai été confronté à deux manifestations de violence qui, au premier abord, peuvent paraître banales, mais qui véhiculent tellement de pulsions négatives. Dans le premier cas, je roulais avec ma conjointe sur l’autoroute 640, en direction de Saint-Eustache. À la hauteur de la sortie de l’autoroute 13, plusieurs véhicules, dont certains conducteurs avaient sûrement vécu encore une fois les affres de la circulation intense, s’amènent sur la bretelle d’accès à la 640 pour continuer leur chemin vers l’ouest. Conformément aux règlements du Code de la route au Québec et au panneau les obligeant à céder le passage avant d’accéder à l’autoroute, comme trop souvent, plusieurs automobilistes ignorent ces faits et foncent dans la circulation déjà engagée sur l’autoroute. Je me dois de ralentir un peu pour céder le passage (le monde à l’envers, quoi !) afin de ne pas occasionner un accident avec l’auto qui me coupe par ma droite. Toutefois, le véhicule qui suit cette auto presque pare-chocs à pare-chocs se doit de céder beaucoup plus le passage que prévu. En fait, il aurait souhaité que je m’arrête carrément sur la 640 pour tous les laisser passer avant de poursuivre ma route !

J’ai aussitôt constaté, dans mon rétroviseur, que l’automobiliste frustré, un vrai mâle, avec sûrement un taux de testostérone très élevé, m’a adressé un « finger » sans équivoque. Aussitôt embarqué sur la 640, il n’a pu continuer son chemin sans essayer de me faire payer ma supposée inconduite. Pendant près d’un kilomètre, il s’est placé sur la deuxième voie pour me dépasser, mais aussi et surtout pour faire des dérapages contrôlés vers la première voie où je roulais afin de m’obliger à mettre les freins à plusieurs reprises. Satisfait de sa vengeance, il a pu continuer sa route en accélérant très rapidement.

Dans le second cas, c’est un médecin qui est en cause. Il vous est sûrement arrivé de prendre connaissance d’un certain écriteau dans une urgence ou une clinique. Cet avis nous indique qu’aucune manifestation de violence physique ou verbale ne saurait être tolérée dans ce lieu, sous peine d’expulsion automatique. Personne, au premier abord, ne peut être contre cet appel à la vertu humaine. Toutefois, s’interroge-t-on sur la source éventuelle de cette prétendue violence ou perte de patience ?

Ce que j’ai vécu récemment, c’est qu’à la demande d’une personne de mon entourage qui ne peut actuellement se déplacer seule en raison d’un handicap, j’ai accepté d’aller à la rencontre de son médecin de famille pour qu’il signe un papier important. Ce même médecin n’a toujours pas rempli un autre papier tout aussi important presque un an plus tard. Même si c’est à 45 minutes de chez moi, je m’y rends tôt avant qu’il ne commence ses rencontres avec des patients (comme ce mot est éloquent dans notre système de santé !). Dès mon arrivée, je constate que c’est le calme très plat à cette clinique. Personne n’est dans la salle d’attente. Je m’enquiers auprès de la secrétaire si je pouvais voir ce médecin le temps de quelques minutes. Elle informe le médecin de ma présence et de ma demande de rencontre très brève.

Alors qu’il n’a aucun patient dans son bureau, alors que la salle d’attente est déserte, le médecin refuse de me rencontrer. Par l’intermédiaire de la secrétaire, il me fait dire de laisser mes papiers et qu’il verra à les remplir prochainement. Le passé devant être garant de l’avenir, dans son cas, ce n’était rien pour me rassurer. J’insiste auprès de la secrétaire qui recommunique par téléphone avec le médecin « hautement coopératif ». Nouveau refus. J’insiste encore plus avec de nombreux arguments à l’appui. Rien n’y fait. Malgré un troisième essai de la secrétaire, ce technocrate de l’État refuse de m’ouvrir sa porte ou de venir me voir le temps de quelques minutes.

Si j’avais osé forcer sa porte ou si j’avais haussé le ton, on m’aurait aussitôt accusé de violence et on m’aurait ordonné de quitter immédiatement les lieux, en faisant appel aux policiers s’il le faut. Cela n’a pas été le cas. J’ai quitté, ulcéré certes d’avoir fait ainsi un voyage blanc. Par contre, je me demande toujours qui a été le plus violent dans ce cas. Moi qui demande poliment une brève rencontre en l’absence totale de patients ou ce médecin qui se cache derrière une secrétaire parce qu’il est incapable d’affronter son manque plus qu’évident de respect envers une ses patientes, qui a bien d’autres choses à faire que d’attendre patiemment que son médecin daigne bien descendre de son piédestal ? La violence ou la lâcheté peut prendre bien des formes.

Johnny Marre