T'ai-je dit que je t'aime? |
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Johnny Marre |
Lundi, 13 Juin 2011 |
Il y a, sans doute, le fait que nous prenons ces êtres chers comme étant trop acquis. Ils font partie de notre vie depuis si longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, alors on les considère comme un élément de notre décor personnel ou collectif. Même si on sait que la vie éternelle est une chimère, on croit qu’eux sont éternels. Dans notre petite cervelle d’être humain, on croit que c’est loin d’être demain qu’ils vont disparaître de nos vies. Alors, quand on se croit faussement éternel en tant que, pourtant, simple passager de ce vaisseau terrestre, on se dit, à tort, que l’on a tout notre temps pour mettre de l’avant ce qui est pourtant le plus grand sentiment humain, notre raison profonde de vivre, qu’est l’amour ou l’affection profonde pour ce qui devrait être ultra important dans notre vie. Tu sais mieux que moi que ce n’est pas parce que nous organisons une super fête que l’on pense avant tout à toi dans les circonstances. Eh oui! Nous sommes ainsi les humains. Nous nous organisons régulièrement des fêtes pour oublier quelques instants la grisaille de nos vies personnelles et collectives. Ces fêtes sont avant tout des prétextes à mettre un peu de baume sur les difficultés de la vie, l’espace de quelques heures.
Bien sûr que non! Tout cela n’est que prétexte à faire la fête ou à pouvoir profiter d’un congé que nous croyons toujours très mérité. Très bientôt, ce sera à ton tour, paraît-il, de te laisser parler d’amour. Toi comme moi, nous ne sommes pas dupes des raisons profondes de cette fête, au-delà de l’emballage. Ce sera une très belle occasion de boire supposément à ta santé, de sortir tes plus belles chansons préférées que nous hésitons à faire entendre sur les ondes de la radio le reste de l’année et à faire pétarader nos plus beaux feux. Au-delà de ces artifices du moment, nous arrêterons-nous vraiment pour penser sérieusement à toi et au sort que l’on te réserve le restant de l’année avec nos comportements d’adolescents? Tu es mieux placé que moi pour savoir que, collectivement, notre prétendue affection pour toi ne dépasse guère ta journée de fête. Car, si on t’aimait aussi passionnément que nous semblons le prétendre, crois-tu que nous accepterions de te faire vivre avec neuf autres colocataires? Crois-tu que nous choisirions nos leaders autrement que par les belles promesses, par des égos trop grands ou par des intérêts purement économiques? Crois-tu que nous nous amuserions à créer des vagues ou des sautes d’humeur pour le simple plaisir de nous défouler? Crois-tu que nous continuerions à croire à d’éventuels Père Noël ou sauveurs? Crois-tu nous voudrions toujours le beurre et l’argent du beurre? Excuse-moi d’être si sombre à la toute veille de ta fête! Mais, moi, comme beaucoup d’autres, je suis incapable de faire semblant de te fêter pour passer rapidement à d’autres choses le restant de l’année. C’est idiot, sans doute, mais j’ai tellement de rêves à ton sujet. Je rêve que nous sortions de notre comportement d’ado trop vieillissant pour te donner la place qui te revient dans le concert des Nations. Je rêve que tu puisses sortir des coulisses pour participer de plein droit à ce concert. Je rêve que nous accouchions enfin de toi. Je rêve que nous t’aimions suffisamment pour la suite des choses afin que l’oubli ne puisse continuer à faire son nid, en donnant de plus en plus la priorité à cette maîtresse anglophone. Heureusement, que le rêve ou l’espoir continue de nous habiter malgré tout. Mais, pour combien de temps encore? Nous réveillerons-nous trop tard? Que ta fête soit l’occasion d’une prise de conscience adulte de toute la véritable affection que nous avons pour toi! Québec, mon pays, me crois-tu quand je te dis que je t’aime? Johnny Marre « Mon pays, quand il te parle |