Lettre à François Legault |
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Johnny Marre |
Lundi, 07 Mars 2011 |
Je pressens que je vais vous rendre heureux aujourd’hui. Le 21 février dernier, vous avez rendu public un manifeste pour l’avenir du Québec. Par ce document de moins de huit pages, vous voulez ouvrir un dialogue avec l’ensemble des Québécois et des Québécoises. Pour votre plus grand bonheur, je suis un de ces Québécois qui désire ardemment dialoguer avec vous et vos douze apôtres, car je suis persuadé que nous serons sur la même longueur d’onde à plusieurs points de vue. D’entrée de jeu, vous serez sans aucun doute d’accord avec moi que la fuite dans un média encore en lock-out, à ce moment-là, quelques jours avant votre sortie publique officielle, ce n’était vraiment pas la trouvaille du siècle. Cela ressemblait plutôt à une sorte de faux départ. Ce que je comprends de ce geste maladroit de la part de quelqu’un qui veut réunir et non diviser, c’est que vous vouliez vous assurer de rejoindre le bon peuple qui n’avait que faire de gens sur le trottoir depuis plus de deux ans et qui ne demandait pas mieux que de le lire dans son restaurant préféré en dégustant son repas du jour. Dans le fond, ce n’est pas bête comme idée. Puis, cela a sûrement fait plaisir à votre ami, Pierre-Karl Péladeau. Ou serait-ce lui le responsable de cette fuite? Je reconnais que je vous accuse sans vraiment connaître les dessous de cette fuite. Milles excuses! Donc, revenons à votre manifeste. Là, je pense que j’ai trouvé un point sur lequel vous serez d’accord avec moi. Prendre autant de semaines, de mois, pour accoucher d’un texte avec si peu de substance, avec si peu de pages, avouez que cela ne fait pas preuve de beaucoup d’énergie intellectuelle. De très nombreux Québécois pourraient vous pondre un document comme le vôtre en beaucoup moins de temps et avec une grande économie d’énergie pour mieux la réinvestir ailleurs. Combien de temps cela vous aurait-il pris si vous n’aviez pas été un riche retraité de la politique et des affaires, et qu’au contraire, vous aviez été dans l’action? Combien de temps cela vous aurait-il pris si, au lieu d’en jaser avec un cercle restreint de personnes, vous en aviez vraiment cogité publiquement ou, tout au moins, dans un rassemblement ou un parti démocratique où de nombreux militants peuvent venir y ajouter leur grain de sel? Votre démarche jusqu’à ce jour est pourtant la partie la plus facile de votre long cheminement jusqu’au jour béni des réalisations en tant que premier ministre du Québec.
Photo Yvan Tremblay rue Frontenac Maintenant que vous avez fini de lacer vos patins et que vous sautez sur la glace pour une vraie partie, maintenant que vous avez choisi quel type d’avion et si vous voyagerez en classe économique ou d’affaires et que vous êtes prêt à prendre votre envol, vous savez comme moi qu’aucune équipe le moindrement professionnelle acceptera de vous laisser la rondelle et de déserter son filet pour vous permettre de « scorer » à votre goût. Vous savez comme moi que même si le ciel est bleu, au départ, il ne reste rarement au beau fixe et que les perturbations seront sûrement au-rendez-vous. Même si vous n’avez jamais été pilote, votre expérience vous l’a appris depuis longtemps. On dit de vous que vous êtes le nouveau chouchou de la politique au Québec, la nouvelle saveur de la présente décennie. Plusieurs autres de vos comparses de la scène politique, peu importe le niveau, ont connu ces moments d’allégresse, cette reconnaissance de la population en un sauveur aux espoirs sans frontières. Mais est-ce vraiment le cas? Je ne veux pas dégonfler votre balloune, votre ego si précieux. Regardons cela un instant de plus près. Même si vous avez dit deux fois rien, même si vous n’avez aucun véritable programme politique pour un avenir meilleur pour le Québec, entre 30 et 40% des sondés, quelque part en préparant leur souper ou en surfant ici et là sur internet, seraient prêts à vous suivre vers la Terre promise. J’aimerais que nous réfléchissions tous les deux à ces résultats.
Comme vous voyez, monsieur Legault, je suis très ouvert au dialogue avec vous. Et on n’a même pas encore parlé du contenu de votre manifeste… Vous aussi, rêvez-vous de dialoguer avec moi? Je me tais pour le moment et j’attends de vos nouvelles… Johnny Marre |