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Le privé, cet amant Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 20 Septembre 2010

Il ne se passe pas une journée sans que l’on ne discute de la place du secteur privé dans notre société. Depuis déjà quelques décennies, on recherche l’équilibre entre le public et le privé pour toutes nos grandes sphères d’activités sociétales. Parfois, la balance penche plus d’un côté que de l’autre. Plus souvent qu’autrement, le secteur privé semble le remède miracle à tous nos problèmes de société.

Ce secteur occupe déjà une place de plus en plus importante tant en santé qu’en éducation, les deux plus imposantes mamelles de notre société québécoise. Il se publie à chaque année toutes sortes d’études, de statistiques, voire de palmarès, pour mettre en valeur les vertus de cet amant irrésistible que semble être le secteur privé. Il performe toujours mieux que le secteur public. En d’autres mots, lui, il a la recette. L’État ne lui va jamais même à la cheville. J’ai nommé ce secteur comme étant l’équivalent d’un amant ou d’une maîtresse. Dans notre routine quotidienne, dans nos problèmes personnels et, plus particulièrement, de couple, cet être semble très souvent celui ou celle qui apporte le soleil tant recherché pour notre bonheur quotidien, celui ou celle qui nous permet de rêver et de trouver la vie si merveilleuse.

L’amant ou la maîtresse a toujours le beau rôle. Il ou elle choisit ses moments de rencontre. Il ou elle est toujours sous son plus beau jour, à tous les points de vue, parce qu’il ou elle n’a pas à composer avec la réalité du quotidien, avec sa routine. Il ou elle ne privilégie et ne cultive que le meilleur. En comparaison, le conjoint ou la conjointe a beaucoup de difficultés a faire le poids, car la vraie vie n’est pas que farniente, gâteries, moments de partage, dolce vita.

Que ce soit en éducation ou en santé, le secteur privé ne cherche qu’à s’accaparer des meilleurs aspects de l’ensemble complexe de ces activités vitales pour toute société. Il choisit sa clientèle en fonction de leur capacité de performer ou de payer. Les cas plus lourds ou moins rentables financièrement, il ne se bat pas pour s’en occuper. Comme l’amant, il ne choisit que le meilleur des deux mondes.

L’amant ou la maîtresse ne recherche pas vraiment à transformer ces moments de rencontre aléatoires en un partage du vrai quotidien, de peur de briser la magie, la passion si exaltante. Le secteur privé ne recherche pas plus à devenir le moteur principal et essentiel de nos préoccupations en santé et en éducation, de peur, lui aussi, de ne plus être à la hauteur de l’image si efficace qu’il peut actuellement entretenir, sans véritablement mettre la main à la pâte.

Dernièrement, j’ai vécu un avant-goût de ce que serait la vraie prise en main d’une activité de la santé par le secteur privé. Un hôpital de notre région a dû conclure une entente avec une nouvelle clinique très moderne des Laurentides pour des raisons de réaménagement, de reconstruction. C’est ainsi que tout un secteur de soins est confié aux bons soins de cette clinique, le tout entièrement financé par l’État, évidemment. Toutefois, le quotidien, c’est cette clinique privée qui en a toute la charge.

Ce que j’ai été en mesure de constater très rapidement, ce n’est pas parce que c’est une clinique privée que les problèmes vécus au public disparaissent. Pas du tout. Ce n’est qu’un transfert de problèmes et ceux qui ont à les gérer au jour le jour sont confrontés aux mêmes problèmes. Ce n’est parce que vous changez l’étiquette public par privé que les problèmes habituels n’existent pas.

La salle d’attente était aussi remplie qu’une urgence d’hôpital public. Les lignes d’attente étaient aussi réelles. Les prises de rendez-vous pour une opération sont aussi longues qu’au secteur public. Le personnel à l’accueil a de la difficulté à répondre à la demande et cherche du temps pour pouvoir aller rapidement dîner. N’eût été que c’est clairement un édifice très chic et très moderne du secteur privé, on se serait tous cru dans un édifice appartenant à l’État, avec ses plus et ses moins.

J’en ai donc marre que l’on rabroue quotidiennement tout le travail fait par l’ensemble du personnel de nos écoles et de nos hôpitaux publics. J’en ai marre que l’on considère le secteur privé comme un Eldorado, alors que ce n’est en fait qu’un mirage. Si, pour nous en convaincre, il nous faudrait en vivre l’expérience, alors confions entièrement la santé et l’éducation à ce secteur si apparemment idyllique pour, ne serait-ce, que deux ou trois ans. Je suis prêt à vous gager toute ma petite fortune que, très rapidement, on réclamerait de l’État la reprise en charge de ce qui nous est si précieux.

Tout comme l’amant ou la maîtresse, le secteur privé, ce n’est pas la vraie vie.

Que notre respect accompagne tous les travailleurs et travailleuses de notre État parce que, sans eux, la santé et l’éducation se porteraient beaucoup plus mal qu’actuellement! Ce sont eux et elles, nos soldats qui vont véritablement au front pour gagner quotidiennement notre bataille collective.

Johnny Marre 

 

Commentaires 

 
#2 Gilles Bouvrette 2010-09-23 20:17 Comme éditeur Mme Lauzon je n\'ai vraiment pas le contrôle face à la diffusion des annonces de Google.
Vous avez raison de trouver ironique la situation présente.
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#1 Sylvie Lauzon 2010-09-23 04:40 Il est ironique, qu'il y ait une annonce d'une clinique privée juste sous le texte. Citer