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Un médecin de famille : pas pour les malades! (2e partie) Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 23 Août 2010

Lors de ma dernière chronique, je mettais en lumière une époque révolue où le médecin de famille faisait partie intégrante de la vie de tous les Québécois et Québécoises. Je vous parlais du temps où le mot famille dans médecin de famille prenait tout son véritable sens. Pourtant, je ne vous parlais pas de l’époque de Donalda et de Séraphin.

Aujourd’hui, pas moins de deux millions de Québécois ne réussissent pas à se trouver un médecin de famille. Aujourd’hui, c’est devenu un privilège d’en avoir un. C’est presque comme gagner à la 6/49. Pourtant, nous vivons dans une société beaucoup plus riche qu’il y a vingt ou trente ans. Si nous nous enrichissons davantage monétairement et matériellement, nous nous appauvrissons tout autant en ressources immédiates de santé. Il ne se passe pratiquement pas une semaine sans qu’on entende parler de la pénurie de médecins, des listes d’attente toujours interminables dans les différentes urgences. Le gouvernement actuel a monstrueusement menti à la population quand il a pris le pouvoir en 2003 parce qu’il prétendait être prêt à régler, entre autres, cet épineux et croissant problème des soins de santé. Tout le monde sait aujourd’hui qu’une fois de plus, on s’est foutu de notre gueule.

Comme je vous l’ai dit dans ma chronique précédente, ma conjointe et moi, nous avons eu la chance ou le privilège, devrais-je dire, de nous trouver un nouveau médecin de famille pour combler le vide créé par celle qui s’est orientée vers le secteur privé. Un excellent médecin, je vous disais. Une perle! Comme toutes les perles, il se fait rare. Le rencontrer est aussi un privilège.

Personnellement, je suis jusqu’à ce jour en très bonne santé. Je suis toujours sur la garantie, comme se plaît à me dire mon médecin de famille. Pour m’assurer de le rester le plus longtemps possible, je prends mon rendez-vous annuel pour mon examen préventif. Ce rendez-vous est évidemment pris plusieurs semaines au préalable. J’ai droit à un seul examen préventif par année selon les normes du ministère de la Santé. Donc, si la dernière fois, j’y suis allé en octobre, pas question d’y aller en septembre suivant. Il ne faut quand même pas abuser.

Mon médecin de famille ne fait pas que cela dans la vie. En plus d’avoir ses propres patients, il fait de la clinique externe sans rendez-vous pour tout autre patient dans les Basses-Laurentides. Dans ses temps libres, je suppose, il travaille aussi à l’urgence d’un hôpital. C’est un homme très occupé, donc peu disponible.

S’il m’arrivait, par malchance, de me découvrir un petit bobo bizarre et inquiétant ou de me sentir plus ou moins bien, il serait impensable d’appeler mon médecin de famille. Si je déborde de chance, je pourrais peut-être réussir à avoir un rendez-vous avec lui dans une semaine ou deux. On me conseillera plutôt de me rendre à l’urgence (pour l’encombrer sûrement!) ou de me présenter très tôt (style six heures du matin!) à la clinique sans rendez-vous pour qu’un médecin puisse me rencontrer. Dans ces deux cas, ce sera un parfait inconnu, donc pas de la famille, qui m’examinera et me soignera.

Si mon état de santé était plus grave, parce que là ça devient sérieux, c’est un spécialiste que je ne connais ni d’Adam, ni d’Ève qui me prendrait en main. Mon médecin de famille, je ne le verrais jamais à moins de décrocher le gros lot en arrivant à l’urgence de l’hôpital de mon médecin au même moment où lui est en devoir, comme ils disent. J’aurais plus de chance avec la 6/49.

Donc, à quoi sert ce médecin de famille tant recherché? Pour quand je suis en santé et que je peux me permettre d’attendre plusieurs jours ou semaines pour mon petit entretien général de l’année, ou quand j’ai des malaises qui minent mon quotidien, mais qui peuvent attendre le diagnostic de celui qui est responsable de mon suivi médical?

Si je suis vraiment malade et que je ne peux attendre, je suis fichu, car les petits trous d’autrefois dans son horaire, cela n’existe plus. C’est disparu avec les progrès de notre civilisation. Finalement, c’est comme pour mon auto. Il ne faut pas que ma machine tombe en panne les fins de semaine, les fêtes, les vacances. Si elle veut voir son mécanicien de la santé préféré, il est préférable que ce soit pour son entretien aux huit mille kilomètres!

J’en ai plus que marre de ce système de santé où le médecin de famille a perdu tout son sens. J’en ai plus que marre de ces politiciens et supposés administrateurs qui sont incapables de faire progresser notre système de santé et qui font tout pour que le peuple se tanne et se tourne résolument vers le secteur privé. C’est la plus machiavélique des machinations dont mon peuple est la victime. S’ils ne sont pas assez compétents, qu’ils démissionnent ou qu’ils aillent s’instruire dans les pays beaucoup plus populeux que nous et qui réussissent, eux, à faire de la santé une vraie priorité et qui soignent très rapidement et très adéquatement leur population.

Qui se lèvera enfin pour redonner la santé à notre système de santé public? Celui-là ou celle-là aura tout le respect de nous tous. Excusez-moi! Je pense que j’hallucine.

Que le respect pour la notion véritable de médecin de famille retrouve tout son sens! Ce n’est pas un droit que nous recherchons. C’est un droit que nous exigeons.

Johnny Marre 

 

Commentaires 

 
#2 Line Vermette 2010-09-02 06:39 Quelle pertinence dans votre propos!
La situation est telle que nous devons réagir, nous impliquer.
À Prévost, pour faire faces à ces problématiques, une quinzaine de citoyens se sont regroupés et travaillent depuis plus d'un an, à la création d'une Coopérative de santé et de services.
Le tout dans le but d'offrir l'accès à des services médicaux et préventifs, à proximité, pour notre commnauté.
Nous avons l'appui de plusieurs partenaires, un project structuré et nous avons sollicité l'avis de la population durant l'été. Très bientôt, des rencontres publiques d'information seront offertes à Prévost.
Visitez notre site web afin d'en savoir davantage et joignez cet élan collectif : www.coop-sante-services-prevost.org
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#1 gilles lacoste 2010-08-26 11:29 Il existe 4 grandes pistes de solution qui semblent répugner aux politiciens:1- dépolitiser la gestion courante du système de santé 2- crééer une 1ere ligne de soins forte, ce qui nécessiterait de sortir les hôpitaux des CSSS 3- cesser de traiter les médecins comme des entrepreneurs qui font la pluie et le beau temps 4- responsabiliser davantage les utilisateurs en introduisant là aussi un principe d'utilisateur payeur. Mais les politiciens ont choisi une voie plus facile: rationner les soins du système public et laisser le privé s'installer de manière anarchique. Citer