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May 01st
Sommes-nous un peuple cocu? Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 17 Mai 2010

Récemment, à RDI, l’ex-politicienne libérale, tant au provincial qu’au fédéral, Liza Frulla, était outrée parce qu’elle trouvait que nous avions l’accusation facile dans le cadre de l’épisode du ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis. Certes, avec tout le sang libéral qui coule dans ses racines politiques, elle a beaucoup de difficultés à dénoncer des agissements des membres de sa famille politique. Dans cet épisode d’intervention indue ou non du ministre Dupuis ou de son cabinet pour un permis de port d’arme, madame Frulla a peut-être raison. Toutefois, comment vraiment partager le vrai du faux dans les propos des politiciens par les temps qui courent?

Que nous le voulions ou non, quand nous élisons un gouvernement, nous établissons en tant que peuple un contrat de confiance avec ceux et celles qui s’offrent pour diriger adéquatement et avec tout le respect que nous méritons les destinées de notre nation. Nous disons aussi fréquemment que nous avons le gouvernement que nous méritons. Ici, il faudrait apporter une nuance très importante. Aux dernières élections générales, Jean Charest avait demandé un mandat majoritaire pour avoir les deux mains sur le volant de la nation. Avec les règles du jeu électoral qui régissent notre démocratie au Québec, il a eu effectivement ce mandat. Par contre, il faut prendre note que près de 60% des électeurs lui ont refusé ce mandat en votant pour les autres formations politiques. Mais, comme nous sommes en démocratie et que, même si les règles du jeu électoral sont boiteuses et auraient intérêt à être vraiment démocratisées, nous nous devons d’en accepter les résultats, que nous soyons gagnants et surtout perdants. Un premier ministre a été élu. Nous devons vivre avec le verdict populaire en espérant que ce premier ministre et ses acolytes seront à la hauteur du mandat de confiance que nous leur avons collectivement confié. Sinon, c’est l’anarchie à court ou à moyen terme.

Finalement, c’est comme dans une relation de couple. Quand nous décidons d’unir notre destinée individuelle à celle d’une autre pour un certain nombre d’années, il importe que la relation de confiance soit la plus grande possible. Sinon, c’est l’enfer à court ou à moyen terme. Cette relation de confiance doit avoir pour base fondamentale les engagements réciproques de l’un et de l’autre. C’est pourquoi si, un jour, des indices, des paroles, des attitudes ou des gestes suspects voient le jour dans n’importe laquelle de ces relations, le contrat de confiance en prend immédiatement pour son rhume.

Évidemment, dès la prise de connaissance des premiers faits, nous serons tous portés à y voir plus clair en questionnant la personne en cause afin que les doutes soient rapidement dissipés dans notre esprit. Car personne n’aime être cocu, ne serait-ce qu’un court laps de temps. Donc, la personne soupçonnée de briser le lien de confiance se doit de faire toute la lumière sur les faits pour la santé même de la relation. Par contre, si les réponses sont évasives, si le partenaire semble jouer sur les mots, si de nouvelles informations semblent contredire la première version, ce ne sera pas long que la confiance s’érodera et fera place à son pendant négatif, la méfiance.

Peu importe ce qui suivra, que ce soit vrai ou faux, la crédibilité n’aura plus sa place. Ce ne sera pas que l’accusation sera facile. Ce ne sera que le résultat des faux-fuyants, des refus de faire toute la lumière sur les bris de confiance, fondés ou non, les promesses de ne plus recommencer sans explications sur les faits antérieurs. Si le doute le plus petit subsiste dans notre esprit, peu importe les belles paroles, la relation de couple ou la relation politique ne sera plus la même. Si je crois que j’ai été cocu, ne serait-ce qu’une seule fois, l’armure de notre confiance réciproque est à jamais lézardée.

Quand mon peuple se sent à tort ou à raison cocu, il est du devoir du premier ministre de prendre tous les moyens à sa disposition pour rétablir dans les meilleurs délais le lien de confiance brisé. Cela implique naturellement de demander à des gens indépendants et neutres de partager le vrai du faux dans toutes ces allégations. C’est ce qu’il refuse obstinément de faire depuis de trop nombreux mois. C’est ce qui a tué la confiance entre mon peuple et son premier dirigeant. J’en ai marre de ce manque de respect.

Peu importe ce qu’il dira, peu importe ce que ses ministres diront, la méfiance règnera de plus en plus. Il ne suffit pas d’affirmer que nous aimerions être crus sur parole, que nous sommes foncièrement des gens honnêtes et respectueux du mandat de confiance que la population nous a confié, que les médias et les adversaires politiques ne font qu’une sale job de salissage, encore faut-il que nous prenions les moyens adéquats pour prouver la blancheur de nos mains et de nos intentions.

Constater que nous sommes possiblement cocus que ce soit dans notre relation de couple ou politiquement, cela n’a jamais rien d’agréable. Il est alors du premier devoir de celui qui peut faire toute la lumière de s’empresser de la faire afin que non seulement le lien de confiance se rétablisse sans délais, mais surtout pour que tout ce gâchis n’aboutisse pas à un bris de dialogue, ce qui serait encore plus grave.

Que le respect soit avec vous et avec notre peuple!
Johnny Marre