Pour une reprise économique? Non, merci! |
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Johnny Marre |
Lundi, 21 Septembre 2009 |
C’est qu’il faut faire attention avec tout ce jargon économique. Quand j’enseignais et que ma centrale syndicale négociait mes conditions de travail et, évidemment, mon salaire et mes bénéfices marginaux, je n’ai jamais connu une seule négociation en trente-cinq ans où la situation économique était favorable. À chaque fois, nous n’étions pas chanceux. Nous tombions toujours, par hasard ou non, dans une conjoncture économique qui ne permettait pas à l’État de répondre plutôt positivement à nos requêtes syndicales. C’est pourquoi j’ai connu des lois spéciales et plusieurs décrets de l’État pour déterminer à répétition mon contrat de travail pendant plusieurs années. L’État n’avait pas de sous. Ce n’était pas de la mauvaise volonté de sa part. C’était dû uniquement à la conjoncture économique. Les employés de l’État qui renégocient leur contrat de travail cette année se feront tenir encore et toujours le même discours. C’est un classique. Pourtant, après chaque négociation passée, mes collègues et moi apprenions quelques années plus tard (mais avant de renégocier un nouveau contrat!) que nous venions de vivre quelques années de croissance économique. Comme toute bonne chose a une fin, curieusement cette fin coïncidait avec la renégociation de notre contrat. Nous n’avons jamais été chanceux à ce chapitre. Morale de cette histoire : on fera toujours dire ce que les dirigeants veulent bien faire dire aux chiffres. Récemment, nous apprenions que pour la première fois depuis le début des années cinquante, les prix à la consommation étaient à la baisse. Nous connaissons une déflation, chose rarissime.
Savez-vous pourquoi je n’ai pas hâte que la crise soit finie et qu’on nous annonce enfin la reprise économique, la vraie (qui sera sûrement, ici, après la négociation avec les employés de l’État)? C’est qu’actuellement, en raison de la récession mondiale proclamée, les banques et les caisses nous offrent des marges de crédit, des taux hypothécaires ou d’emprunts à des taux très bas, du jamais vu depuis des décennies. Les gouvernements n’osent pas nous imposer ou nous taxer beaucoup plus. Au contraire, ils nous offrent des programmes pour susciter la supposée reprise économique. Même au niveau de l’assurance-emploi, ils ont tendance à vouloir être plus élastiques. Que pensez-vous qu’il va se passer quand ils vont décider qu’ils ont réussi à contrer la récession et à remettre l’économie sur ses rails? Les taux d’intérêts vont augmenter. Les gouvernements nous feront comprendre que le soutien apporté durant la crise a eu de très sérieuses répercussions sur les finances des États et qu’alors, il y a un prix à payer dorénavant pour combler les déficits engendrés.
J’en ai marre de tous ces dirigeants et ces économistes qui ne cessent de jouer comme des petits fous avec l’argent du peuple. J’en ai marre de ces « tireux » de ficelles qui font en sorte que, lorsque ça va bien pour nous autres, il faut qu’ils prennent les moyens pour que ça aille plutôt bien pour eux autres. Si, quand l’économie vit des difficultés, les dirigeants et les économistes sont capables de faire circuler l’argent à faibles taux pour la stimuler davantage, pourquoi cela ne peut plus être vrai quand l’économie reprend son rythme de croisière? Pourquoi, lorsque ça va bien pour tout le monde, faut-il que les financiers s’organisent pour nous replonger dans une récession à plus ou moins long terme? Il est vrai que ces ogres économiques ont un appétit insatiable que seul un cancer économique peut contraindre à une meilleure alimentation de vie. Si la reprise économique est pour repermettre à certains d’empocher encore et encore jusqu’à en crever, s’il le faut, au détriment du peuple, non merci! Je préfère le climat de la récession. Johnny Marre |