Appel à nouvelle culture politique |
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Lettre du lecteur |
Mercredi, 08 Juin 2011 |
La démission de quatre collègues du caucus du Parti Québécois est un réel électrochoc! Bien qu’à première vue la situation touche particulièrement le PQ, c’est une grande partie de notre culture politique qui est à dénoncer. Si les membres des autres partis se réjouissent des dissidences péquistes de cette semaine, ils n’ont qu’à bien se tenir, car la population est de plus en plus déçue de la politique québécoise et nul élu n’est intouchable face à la grogne populaire. Les dernières élections fédérales nous l’ont bien démontré. Le désintérêt croissant de la population envers la politique menace notre démocratie et anéantit nos rêves collectifs. La désillusion politique atteint de plus en plus de gens; même les rangs des plus farouches démocrates ne sont pas épargnés. Les causes de cette situation ne sont pourtant pas énigmatiques. La période de question flirte constamment avec la «politique-spectacle» quand les députés applaudissent à outrance des questions et des réponses opportunistes, parfois méprisantes et quasiment toujours partisanes. La ligne de parti transforme le rôle du député : alors qu’il devrait réfléchir à chacun de ses votes en chambre, le député donne plutôt l’impression de devenir un pion législatif une fois qu’il est élu. On craint d’aborder des questions fondamentales de peur de perdre des votes. On insulte la démocratie quand on laisse un seul homme envoyer six millions d’électeurs aux urnes parce qu’il flaire ses chances de se faire réélire. On dirige constamment par sondage... Malheureusement, les exemples sont nombreux, trop nombreux! Hélas, je partage le constat de tous ces citoyens déçus de la politique. Qu’en est-il du rêve et de l’espoir? Qu’en est-il de cette croyance qu’une société peut développer des projets porteurs? Ne reste-t-il plus rien de l’aspiration d’un peuple à se prendre en main, à saisir l’opportunité, à faire preuve d’audace? La beauté de la politique Les projets de société À en écouter certains, on a l’impression que les Québécois se sont détournés de la politique, qu’ils ne sont plus ouverts aux grands projets de société, qu’ils sont trop individualistes. Pourtant, rien n’est plus faux! S’il existe une coupure entre la politique et les citoyens, c’est que la politique s’est détournée des citoyens. Lorsque Gérald Godin a gagné son élection contre Robert Bourassa en 1976, le poète affirmait que lorsqu’on « parle des choses vraies, les gens lâchent Yogi l’Ours. Et s’ils ont tellement écouté longtemps Yogi l’Ours, Serge Bélair et Tallibert, c’est qu’on leur parlait de rien dans ce maudit pays-là!» Le temps n’est-il pas venu de parler de ce qui mine vraiment notre démocratie? Et maintenant? Pour redonner à notre démocratie ses lettres de noblesse, nous devons cesser notre attitude partisane à l’Assemblée nationale, adopter les réformes nécessaires à la revitalisation de notre système, faire confiance à la population et l’impliquer davantage dans les décisions qui construisent notre avenir. Il est impératif que la classe politique se remette en question, car les Québécois en ont assez de la partisanerie. La crise politique actuelle n’est pas créée par la démission des quatre députés péquistes, mais par la manière dont nous, politiciens, traitons les affaires publiques. J’en appelle à tous les Québécois, citoyens comme députés de toute allégeance, à réfléchir et débattre sur ce que nous désirons de la politique. N’ayons plus peur des réformes nécessaires de nos règles et comportements. Une nouvelle culture politique s’impose afin d’offrir à notre société le nouveau souffle dont elle a tant besoin. Courage, honnêteté, confiance et enthousiasme, voilà les mots clés pour revitaliser notre démocratie, pour assumer nos rêves et notre destinée. Sylvain Pagé - Député péquiste de Labelle
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