Un ensemble à  géométrie variable

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Connaissez-vous Anne-Marie Cassidy, Myriam Genest-Denis, Élaine Pelletier ou Yoko Sawaï ? Sans doute pas. Connaissez-vous l’Ensemble En-le-vent ? Sans doute pas, non plus. Si ce n’était de l’existence des Diffusions Amal’Gamme, toutes ces jeunes musiciennes continueraient d’être de parfaites inconnues dans notre coin de pays. Toutefois, grâce à cet ouvreur d’art, nous sommes dorénavant plusieurs dizaines à les connaître et à les apprécier.

En effet, en ce magnifique samedi de mai aux saveurs estivales, notre diffuseur laurentien nous avait conviés à un rendez-vous prédestiné, « Souvenir d’un bel été ». Souvenir, déjà ? Il faut reconnaître que c’est vrai que cette saison tant espéré passe toujours trop vite au Québec. Il faut reconnaître surtout que les Diffusions Amal’Gamme ont eu tout un flair en programmant un an d’avance un tel rendez-vous musical à saveur d’été. Entre vous et moi, c’est nettement mieux que les prévisions d’Environnement Canada ou de l’Almanach du peuple. Mais qui est donc au juste cet ensemble ? C’est la rencontre de quatre musiciennes qui, le temps d’un merveilleux rendez-vous, viennent avec leur clarinette, leur flûte, leur piano et leur violoncelle semer de tendres moments de bonheurs musicaux chez ceux et celles qui ont répondu à l’appel de notre diffuseur. Toutes les quatre, dans la très jeune trentaine, sont déjà des musiciennes de très grand talent. Elles ont toutes de solides formations musicales. Elles se produisent en solo, en duo, en trio, en quatuor…, sans oublier avec des orchestres symphoniques. Même si vous ne les connaissez sûrement pas, elles ont déjà une feuille de route impressionnante. Certaines enseignent en plus. Il est vrai que pour pouvoir vivre de sa musique au Québec, il faut savoir être créatif et versatile.

Le programme musical de l’Ensemble En-le-vent est lui aussi très versatile. Ainsi, en ce samedi du congé des Patriotes, si nous avons eu droit à du Beethoven, les Georges Delerue, Ennio Morricone, Yann Tiersen, George Gershwin, Cole Porter, entre autres, y avaient aussi leur place. C’est ainsi que nous avons pu entendre la musique de Cinéma Paradiso, de La valse d’Amélie Poulain, de Summertime,… Fait rarissime, nous avons eu droit à une composition d’un auteur québécois, Marc-André Pépin, intitulé « Heureux présage ». C’était d’autant plus rarissime que monsieur Pépin était présent dans la salle pour entendre en direct son œuvre, une œuvre inspirante, une œuvre à saveur estivale, une œuvre prometteuse pour l’avenir.

Une des particularités de l’Ensemble En-le-vent, c’est que même si elles sont un quatuor, elles jouent à peu près jamais toutes les quatre en même temps. C’est d’ailleurs que la pièce de Marc-André Pépin qui a eu droit à ce traitement. Il faut souligner que l’œuvre de monsieur Pépin a été composée pour cet ensemble, pour ce quatuor. Pour la plupart des autres pièces musicales au programme, c’est plutôt en formule trio que notre quatuor s’exécutait, comme si justement quatre musiciennes se retrouvaient tout simplement pour faire de la musique et qu’elles célébraient leurs goûts musicaux en solo, en trio ou, pourquoi pas, en quatuor. Ce n’est pas déplaisant pour autant, loin de là.

Pour la présentation des œuvres au programme, encore là, nos talentueuses musiciennes se distinguent des usages habituels en laissant ce soin à une dame qui sait même en contexte les pièces à venir. Fait avec aisance et amour de la musique, les présentations ont été entachées de petits irritants en première partie. Un micro qu’on a tardé à rendre fonctionnel et une lumière très agressive du lutrin de présentation, orientée vers le public, qui mettaient un peu de sable dans l’engrenage, comme quoi même les plus petits détails peuvent devenir importants ! Un de ces petits détails est qu’alors que la présentatrice aurait dû présenter chacune des quatre musiciennes avant, tout au moins la dernière pièce au programme, elle a voulu le faire à la toute fin à travers les applaudissements du public, ce qui a eu pour conséquence que les gens présents ont cessé d’applaudir et que le tout s’est terminé quelque peu en queue de poisson, c’est-à-dire sans rappel, contrairement aux attentes habituelles et méritées.

La conclusion de cette soirée somme toute agréable, c’est que si le thème en était « Souvenir d’un bel été », après une écoute musicale de cette qualité, il y a lieu d’espérer que c’est aussi la « Promesse d’un bel été ». Merci, mesdames, d’avoir ouvert cette porte estivale avec si grand talent !

Pierre Lauzon
Les éditions Pommamour

P.S. : Le dernier programme musical des Diffusions Amal’Gamme, samedi prochain, le 26 mai, est le très jeune pianiste, Robin Pan, 14 ans. Si vous voulez avoir la nette démonstration que le talent n’est pas qu’une question d’âge, venez à la rencontre de ce talentueux pianiste qui avait déjà charmé le public de notre ouvreur d’art, il y a deux ans. Celui qu’on qualifie « L’enfant aux doigts d’or » et qui a remporté récemment un concours provincial destiné aux musiciens de 28 ans et moins, nous offrira du Bach, du Beethoven, du Schubert, du Chopin… Gâtez-vous !