L’église de Sainte-Adèle est dans la pénombre en ce dimanche soir de la mi-juillet. Un homme se présente, nous souhaite la bienvenue, allume une chandelle et nous parle de la musique qui s’invite parmi nous. Puis, un quatuor à cordes nous offre le Canon de Pachelbel. La magie opère.

Tout au long de cette soirée musicale, ce n’est qu’à la lumière de plusieurs chandelles et des lumières des lutrins des musiciennes que se déroulera ce banquet musical. Des photos, moyennes et grandes, embellissent le décor au gré des flammes. Le grand compositeur, Antonio Vivaldi, est le principal invité de cette soirée. Il n’est toutefois pas le seul. Mozart, Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Johann Strauss, entre autres, nous rendront également visite par leur musique. Nous avons droit à une soirée musicale très accessible et variée.

L’organisateur de cette soirée, le mélomane blainvillois, Michel Corbeil, nous offre les différentes pièces musicales sur un plateau d’argent avec des textes judicieusement choisis qui parlent de la beauté de l’œuvre ou nous informent sur le compositeur. Il se permet même de nous raconter une petite histoire amusante en guise d’introduction à l’extrait très vivant de l’opéra « La chauve-souris » de Johann Strauss. Ses présentations sont sobres, éclairantes, feutrées. Elles mettent rapidement la table à l’œuvre qui vient.

Évidemment, tout cet emballage et ces grandes œuvres ne seraient rien s’il n’y avait pas des musiciennes de grand talent pour leur donner vie et les interpréter avec brio. Le quatuor à cordes « Rhapsodie » est formé de jeunes musiciennes au parcours déjà très varié et enrichissant. Amélie Lamontagne, premier violon, détient une maîtrise en interprétation du violon de l’Université de Montréal. En plus de participer à de nombreux projets musicaux, elle est membre de l’ensemble Fiestango (pour sa passion du tango) et du Quatuor Rhapsodie qui l’emmènent un peu partout au Québec pour partager sa passion de la musique. Si ce n’était pas suffisant, elle est pigiste pour différents orchestres symphoniques et elle enseigne la musique.

Line Deneault, deuxième violon, a elle aussi une maîtrise en interprétation de l’Université de Montréal. Tout comme sa consoeur, elle travaille auprès des orchestres symphoniques, donne des récitals et transmet sa passion pour la musique par l’enseignement aux jeunes. Elle est également chef d’attaque à l’orchestre symphonique de Drummondville et de l’Orchestre Philharmonique du Nouveau-Monde.

Nayiri Piloyan, alto, est tout aussi, sinon plus, diversifiée. En plus d’avoir déjà participé à de nombreux festivals de musique un peu partout à travers le monde, elle a aussi côtoyé de grands artistes pour des spectacles ou des disques. Si elle est alto dans le Quatuor Rhapsodie, elle est violon solo ou premier violon pour des ensembles réputés de Montréal et d’ailleurs. Si ce n’était pas assez, Nayiri exerce le métier d’ingénieur électrique chez SNC-Lavalin/Nexacor. C’est ce que nous pouvons appeler une vie très bien remplie.

Enfin, le quatrième membre de ce quatuor à cordes et non la moindre est Sophie Coderre, au violoncelle. Elle détient également une maîtrise en interprétation de l’Université de Montréal. Riche de toutes ses formations, elle travaille avec de nombreux ensembles de musique. Interprète polyvalente qui recherche toujours de nouvelles sonorités avec son violoncelle, elle collabore tout autant avec de jeunes compositeurs de musique actuelle qu’avec des artistes populaires. Elle enseigne également comme ses deux autres consoeurs.

De ces quatre virtuoses, il en ressort deux éléments très importants. Premièrement, pour réussir à vivre de sa passion de la musique au Québec, plus particulièrement de la musique classique, il faut savoir être très polyvalent, ce que ces musiciennes dans la jeune trentaine ont compris depuis longtemps. Elles préfèrent ce menu de vie diversifié à la petite routine quotidienne. C’est ce qui ne cesse de les enrichir et de leur ouvrir de nouveaux horizons.

Deuxièmement, comme vous l’avez constaté, le mot qui revient constamment quand nous parlons d’elles, c’est le mot passion. Non seulement elles sont passionnées pour leur art, mais elles savent surtout nous le faire partager. C’est ce que les nombreuses personnes de tous les âges ont pu constater en l’église de Sainte-Adèle. La virtuosité et la passion pour la belle musique étaient au rendez-vous en ce 12 juillet dernier. Le public était sous le charme. Le public en redemande.

Bravo à des gens comme Michel Corbeil qui savent innover, faire autrement et rendre accessible la très belle musique! Sans eux, notre monde serait beaucoup moins beau et agréable à vivre. Bravo à ces musiciennes qui font de leur passion de la musique leur raison de vivre et de nous faire vivre! Sans elles, sans leur anti-fonctionnarisme musical, les œuvres des grands maîtres d’hier et d’aujourd’hui ne sauraient pas nous émouvoir et nous transporter avec autant de bonheur.

Pierre Lauzon
Les éditions Pommamour

P.S. : Si vous avez manqué ce rendez-vous, sachez que le Quatuor Rhapsodie sera de retour près de chez-nous, dans les Hautes-laurentides le 31 juillet 2009 à Mont-Laurier. De plus, il y a un très beau cd sur le marché pour apprécier chez vous leur musique variée. Enfin, Michel Corbeil continue de nous concocter d’autres rendez-vous de bonheurs et de beautés.

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