Une belle et douce folie |
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Opinion |
Écrit par Pierre Lauzon |
Lundi, 14 Novembre 2011 |
Ce type de jazz, ce swing des années trente, né en France et popularisé par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, se caractérise par l’absence de percussions et de cuivres. Quand nous pensons jazz manouche, nous avons immédiatement en tête tous ces hommes qui lui ont fait traverser toutes ces décennies, dont The Lost Fingers plus près de nous. Donc, quand quatre femmes prétendent vouloir jouer sur cette patinoire musicale, il y a peut-être lieu de crier à l’imposture. Toutefois, c’est avant de les avoir entendues et surtout vues en spectacle, comme le bonheur nous fut donné dans la salle des Diffusions Amal’Gamme, à Prévost. Ces imposteures, ce sont Christine Tassan, d’origine française, mais aujourd’hui totalement québécoise, à la guitare soliste et à l’inspiration du groupe, puisque huit des dix-huit pièces au programme de samedi soir étaient les siennes et rivalisaient fort bien avec toutes les autres. C’est aussi Martine Gaumond au violon et à sa touche toute personnelle, Lise-Anne Ross à la guitare rythmique et à son énergie à vendre, Blanche Baillargeon à la contrebasse et à sa vigueur étonnante. Nos quatre imposteures ont aussi en commun de chanter et d’avoir un sens inné pour la fête et pour la belle et douce folie. Dès leurs premières notes, dès leurs premiers mots, dits le plus souvent en stéréo ou dans un mouvement de la parole qui voltige de l’une à l’autre, comme dans leurs chansons, le public ne pouvait être que charmé. Pas une déprime, même automnale, ne saurait résister à l’énergie et à la joie de vivre qu’elles dégagent. Nous avons eu droit, toujours avec beaucoup de justesse et de virtuosité, au « Minor Swing » de Django Reinhardt, au « Libertango » d’Astor Piazzola et aux compositions enlevantes de Christine. Mais si je vous disais que « Les nuits de Montréal » de Jacques Normand et Charles Trenet, « Le rendez-vous » de Claude Léveillée et Gilles Vigneault, « Les blondes » d’Anne Sylvestre, « La maison sous les arbres » de Gilbert Bécaud, sans oublier une composition de Raymond Lévesque, « La vie de bohème », étaient à ce menu musical, me croiriez-vous ? Ce fut pourtant le cas et ce, au plus pur ravissement du public nombreux.
Par ce cadeau des Fêtes avant le temps, par cette si belle énergie et virtuosité, nos imposteures n’ont cessé de nous charmer également par leur humour, spontané à nos yeux et à nos oreilles. Elles sont quatre belles femmes, quatre musiciennes de très grand talent, quatre artistes qui nous donnent le goût de vivre et de dire que, malgré tout, mais surtout grâce à des gens comme elles, nous vivons dans un monde merveilleux. N’est-ce pas, Louis Armstrong ? Vous regrettez, n’est-ce pas, d’avoir raté ce rendez-vous exceptionnel ? Soyez aux aguets pour une prochaine visite près de chez nous ! Ne laissez pas cette folie vous échapper ! En attendant, si vous écoutez le poste radiophonique sur le FM, Planète Jazz, au 91,9, vous aurez peut-être ce bonheur de les entendre, comme je l’ai eu en roulant sur la Quinze nord samedi dernier. Ce fut la joie de vivre au volant. Pierre Lauzon P.S. : Pour clore leur programmation automnale, les Diffusions Amal’Gamme nous offre la prodigieuse pianiste, Lucille Chung, dans une soirée romantique où Mozart et Liszt seront à l’honneur. Vous y serez? |