Tu ne méritais pas cela, Paul! Imprimer
Johnny Marre
Lundi, 17 Octobre 2011

Toute société évolue positivement ou négativement avec les hauts et les bas de ceux et celles qui la gouvernent ou œuvrent à l’influencer. Parmi eux, il y a les hommes et les femmes qui marquent l’Histoire parce qu’ils sont sous les feux de la rampe, parce qu’ils font la une de nos actualités. Toutefois, il y a aussi et surtout des gens de chez-nous qui travaillent plus ou moins dans l’ombre à faire changer les choses pour une meilleure qualité de vie de nous tous.

Sans reculer trop loin dans notre Histoire de l’humanité, s’il y a eu, au Québec, un Jean Lesage qui symbolise la Révolution tranquille des années soixante, il ne faudrait pas oublier qu’il y a eu de nombreux hommes et femmes qui ont contribué dans l’ombre à la venue de ce Québec moderne avant et pendant cette révolution. Si René Lévesque symbolise la prise du pouvoir par un parti souverainiste en 1976, il ne faudrait pas oublier les très nombreux militants et militantes qui ont fait du porte-à-porte et des assemblées de cuisine pour expliquer l’importance de nous donner un pays à notre image afin d’avoir véritablement notre place dans le concert des nations.

S’il y a eu Paul Gérin-Lajoie et Claude Castonguay pour nous doter respectivement d’un système d’éducation et de santé, tous deux dignes d’une société moderne, s’il y a aujourd’hui Line Beauchamp et Yves Bolduc pour continuer à construire ou à détruire, selon le point de vue, ce travail ultra important pour notre avenir collectif, il ne faudrait pas oublier qu’il a eu et qu’il continue d’y avoir de très nombreux hommes et femmes qui, dans leur quotidien, ont contribué et contribuent grandement à faire en sorte qu’il en soit ainsi et qui, pour plusieurs, travaillent avec acharnement à faire bouger ces énormes systèmes pour un plus être collectif, pour une évolution positive. Malheureusement, vous ne les connaissez pas et vous ne les connaîtrez jamais parce qu’ils et elles ne figureront jamais dans nos livres d’histoire.

C’est ainsi que, dans l’ombre ou presque, des hommes et des femmes contribuent par leur bénévolat, par leurs luttes, par leurs projets à nous doter collectivement d’une société plus démocratique, plus conviviale, plus juste, plus respectueuse de ses composantes, et ce, dans tous les domaines d’activités. Parfois, ils y arrivent. Parfois, la résistance au changement est trop grande. Quand ils y arrivent, le bonheur est grand face à cette petite victoire chèrement acquise la plupart du temps. Toutefois, une victoire n’est jamais éternelle, car il y a toujours quelqu’un quelque part qui recherche sa propre victoire en voulant transformer la première en nouvelle défaite.

Quand nous avons travaillé avec acharnement, en y mettant tout notre cœur et tout notre temps, pour construire un petit ou un grand plus pour la suite positive des choses pour notre entourage ou pour notre collectivité, il y a-t-il quelque chose de plus désolant que de voir des gens œuvrer à détruire ce petit ou ce grand plus et ainsi constater que notre apport positif fut de courte durée? Si Jésus de Nazareth revenait, serait-il heureux de ce qu’on a fait de son Église? Si Pierre de Coubertin revenait, serait-il heureux de ce que sont devenus ses Jeux olympiques de l’ère moderne? Si René Lévesque revenait, serait-il heureux de ce qu’on fait du parti qu’il a fondé et de son projet de souveraineté? Si tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont donné une partie de leur vie pour notre mieux-être collectif revenaient, seraient-ils heureux de ce qu’on a fait des pas en avant qu’ils et elles ont voulu faire faire à notre civilisation? C’est sûrement moins pénible quand on n’est plus de ce monde, mais qu’en est-il de ceux et celles qui assistent de leur vivant à la destruction de leur gain pour la collectivité, qui constatent qu’il faudrait reprendre souvent à zéro l’argumentation ou les luttes pour ne pas perdre ces acquis?

Connaissez-vous Paul Mercier? Il est une de ces personnes, trop souvent oubliées, dont je vous parle depuis tantôt. Paul fut maire de Blainville de 1977 à 1993. À ce titre, il a largement contribué à faire de cette municipalité des Basses-Laurentides la dynamique ville qu’elle est aujourd’hui. Sur cet aspect, il n’est sûrement pas déçu et il a raison d’en être fier. Par contre, Paul a aussi largement contribué, dans les années 80, à l’abolition des postes de péage sur nos autoroutes et ponts du Québec. Il y a mis beaucoup de temps et d’énergie, avec d’autres, pour convaincre qu’il y a d’autres alternatives que ces solutions trop faciles et onéreuses pour monsieur et madame Toutlemonde.

Aujourd’hui, Paul, qui est toujours des nôtres, doit constater qu’à l’heure du retour de plus en plus progressif du péage sur nos autoroutes et nos ponts, la bataille qu’il a menée serait à recommencer, car les élus ont déjà oublié le pourquoi de cette abolition pas si lointaine. Dans ce dossier, Paul, tu méritais mieux que le sort ou le retour en arrière que l’on s’apprête à faire à ta victoire largement méritée et à ta lutte hautement réfléchie.

Au pays du Québec, qu’il est donc difficile de ne pas toujours faire un pas en avant et deux pas en arrière! Salut, Paul! Tu ne mérites pas cela. Tu mérites plutôt notre plus profond respect pour tout ce que tu as fait de positif pour nous, au même titre que tous ceux et celles qui ont mis beaucoup d’énergie à construire le Québec d’aujourd’hui, le plus souvent dans l’ombre, et qui constatent que certains et certaines s’acharnent à détruire ce qu’ils et elles ont construit avec tellement d’amour.

Johnny Marre


 

 
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