Mollo, la démocratie ! Imprimer
Johnny Marre
Lundi, 19 Septembre 2011

C’est incroyable ! Nous vivons déjà dans un des pays les plus démocratiques au monde selon les spécialistes (qui sont-ils au juste ?). Eh bien, imaginez-vous donc que certains hurluberlus (est-ce le mot juste ?) voudraient que notre société soit encore plus démocratique. Franchement, ne trouvez-vous pas comme moi qu’il y a des limites à la vertu ?

Ces illuminés (serait-ce le mot le plus approprié ?) prennent prétexte que les Québécois et les Québécoises sont désabusés de la politique, n’ont plus confiance en leurs élus, sont prêts à voter pour n’importe quel sauveur, pour mettre de l’avant des mesures qui feraient en sorte que le peuple aurait plus d’emprise sur leurs élus et sur les décisions qu’ils et elles prennent. Il faut vraiment être des ignorants de la psychologie des masses pour penser ainsi. Est-ce l’anarchie qu’ils souhaitent ? Parmi ces mesures, il y aurait l’élection du premier ministre au suffrage universel. Y ont-ils pensé deux minutes à ce qui arriverait à notre pauvre société si, à la prochaine élection, Jean Charest était élu avec une majorité de députés de Québec solidaire ? Comment notre premier ministre bien-aimé ferait-il pour réussir à gouverner ? Ce n’est pas parce que, dans certains pays, ils ont le droit de voter directement pour le chef de l’État, comme aux États-Unis ou en France, que nous sommes obligés de faire comme eux. Ce n’est pas parce que Barack Obama a été élu par le peuple américain et qu’il doit composer avec une Chambre des représentants à majorité républicaine que nous devons trouver cela génial.

Ces supposés intellectuels proposent aussi que le peuple puisse initier un référendum sur tout sujet le concernant si au moins 10% à 15% des électeurs le demandent, en s’enregistrant en bonne et due forme sur un registre à cet effet. Mais ils délirent ! Cela voudrait dire que nous passerions notre temps à voter et à exprimer notre opinion. Où trouverions-nous le temps pour travailler et relaxer ? La vie politique, ce n’est quand même pas Occupation double ou Star Académie !

Ces penseurs à la petite semaine poussent même la mesure jusqu’à réclamer qu’à l’Assemblée nationale, les élus puissent voter librement, selon la volonté de leurs électeurs, sans la fameuse ligne de parti. Ces incultes peuvent-ils alors nous expliquer à quoi servirait un parti si chacun ou chacune peut penser et voter comme il ou elle le désire ? Qui voudrait gouverner ces supposés partis si tous et chacun peuvent penser et voter à l’encontre de leur chef ? Un parti, cela doit être comme dans l’armée ou sinon chacun va se mettre à tirer dans toutes les directions, vous ne croyez pas ?

Il y a belle lurette qu’un peu partout sur notre planète, des dictateurs affichés ou non ont compris que ce que le peuple veut, c’est uniquement du pain et des jeux. Ces grands dirigeants politiques ont appris depuis longtemps que le niveau intellectuel des masses ne dépasse pas celui d’un enfant de sept ans, paraît-il. Ils savent aussi qu’il n’y a personne mieux placé qu’eux pour savoir ce qui est bien ou non, tout autant pour leur bien personnel que pour celui de la collectivité. S’ils sont à la tête de pays plus ou moins importants, il y a sûrement une raison fondamentale : ils sont une coche nettement plus élevée que leur peuple !

Alors, serait-ce trop demander aux réformateurs de tout acabit de nous laisser la paix avec leurs excès de démocratie ? Car personne ne souhaite qu’on puisse obliger un premier ministre à tenir une Commission d’enquête sur l’industrie de la construction et sur le financement des partis politiques. Personne ne veut qu’un quelconque mécanisme démocratique puisse empêcher une mine d’ouvrir, un forage pour extraire du gaz de schiste d’opérer. Personne ne voudrait que les parents et les enseignants soient les vrais décideurs de la dynamique d’une école. Personne ne veut que le peuple impose ses volontés.

Même si plus de 65% des électeurs laurentiens et près de 60% des électeurs québécois n’ont jamais voulu que Jean Charest dirige et fasse la pluie et le beau temps à Québec, même si plus de 90% des électeurs laurentiens, si plus de 80% des électeurs québécois et plus de 60% des électeurs canadiens n’ont jamais choisi Stephen Harper pour diriger et imposer sa pensée ultraconservatrice au Canada, même si nous n’avons rien à dire dans leurs décisions une fois le vote terminé, que nous sommes donc heureux de vivre dans un pays aussi démocratique ! Alors, foutez-nous la paix avec vos mesures pour une plus grande démocratie !

Johnny Marre      

P.S. : Si vous avez pensé une seule seconde que c’est vraiment le fin fond de ma pensée que je viens de vous livrer dans cette chronique d’aujourd’hui, c’est que vous me connaissez bien mal. Ce qui est plus dramatique, c’est qu’il y a vraiment des gens qui pensent ainsi, en commençant par de grands intellectuels, des chroniqueurs ou des éditorialistes de grands médias. Car, entre vous et moi, y a-t-il une réelle différence entre une dictature et notre supposée démocratie actuelle, en dehors du « Cause toujours mon lapin ! » ?
 

 
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