La vie à tâtons |
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Johnny Marre |
Lundi, 25 Juillet 2011 |
Quand nous ouvrons les yeux sur ce monde, nos premières tentatives, c’est de chercher à mieux faire nôtre ces formes, ces couleurs, ces senteurs, ces sons. On est toutes oreilles, tout nez, toute bouche, tous yeux et, surtout, tout toucher. Bref, nous sommes à l’affût d’apprivoiser et de mieux saisir cet environnement pour pouvoir à notre tour essayer de le maîtriser ou de l’influencer. Ce sont par des milliers de gestes, d’observations, d’écoutes, entre autres, que nous parvenons à mieux saisir ce monde qui est de plus en plus nôtre. Ce sont des milliers d’essais et d’erreurs qui nous permettent d’avancer. Nous y allons à tâtons, mais nous avançons. Nous le comprenons tellement bien que nous voulons faire comme les autres humains que nous observons. C’est sur nos deux jambes que nous voulons continuer. Et encore là, c’est à tâtons que nous faisons nos premiers pas dans la vie. Nous tombons souvent, mais nous voulons toujours nous relever pour continuer. Puis, on nous fait comprendre que, pour continuer à progresser dans notre maîtrise de notre univers qui se veut de plus en plus grand, l’école est l’incontournable pour hausser le plus possible notre bagage de connaissances. Nous savons tellement peu de choses au départ et nous croyons que les autres en savent tellement plus. Le défi d’apprendre et de connaître est alors d’autant plus grand. Nous apprenons donc à lire, à écrire et à compter à tâtons. C’est tout croche au départ, mais, à force d’essayer, nous réussissons habituellement à relever notre maîtrise de ces règles élémentaires.
Cette recherche continuelle à mieux saisir les milles et une facettes de la vie, les Éverest de connaissances accumulées depuis l’apparition de l’homo sapiens sur cette si belle planète bleue, nous amène à croire que si nous, nous savons peu de choses, heureusement qu’il y en a beaucoup d’autres qui eux ont réussi à détenir la science infuse dans leur domaine. Nous avons un problème informatique avec notre ordinateur, nous faisons appel à un spécialiste qui a de nombreuses années d’expérience pour le régler. Comme ce problème n’est pas si évident à première vue, que ce n’est pas une question de noir ou de blanc, nous sommes surpris de constater que lui aussi y va à tâtons pour essayer de trouver le remède et qu’il lui arrive d’être incapable de mettre le doigt sur le bobo et de corriger la situation (même s’il nous facture son temps de « tâtonnage »). Nous avons un problème de santé, un problème juridique, un problème mécanique, un problème d’apprentissage, un problème politique, un problème… Nous nous tournons vers les spécialistes dans le domaine. Par contre, plus souvent qu’autrement, comme la vie n’est pas qu’une affaire de noir et de blanc, mais qu’elle est en tellement de teintes, la science, peu importe le domaine, se cherche elle aussi très souvent dans toutes ces teintes de connaissances. Mais, quand nous faisons affaire avec un soit disant spécialiste, nos attentes et nos espoirs sont très élevés. C’est pourquoi le médecin, l’avocat, le mécanicien, l’éducateur, le politicien, alouette… nous déçoivent souvent parce que nous constatons, nous apprenons que, finalement, s’ils et elles en savent plus que nous dans leur domaine, ils et elles ne savent pas tout. Ils et elles aussi continuent d’apprendre à tâtons, par essais et erreurs, parce que beaucoup de choses ne sont pas évidentes dans la vie et ses problèmes, et que l’évolution étant une constance dans la vie, il est de plus en plus impossible de tout savoir. C’est sans doute pourquoi, depuis la nuit des temps, l’erreur est humaine. Sommes-nous capables de baisser nos attentes sans renoncer à nos exigences de rendement? Nous ne pouvons tout savoir. Les autres, non plus. Toutefois, ce n’est pas une raison pour ne pas tendre tous et chacun vers un monde de plus en plus meilleur pour le bonheur et le bien-être de tous. Dans tous nos apprentissages à tâtons, celui-ci est certes le plus exigeant. Johnny Marre P.S. : Si vous avez lu entièrement cette chronique estivale, vous avez contribué à détruire le mythe qu’en été, il n’y a que la facilité qui est reine de nos préoccupations. Ainsi, vous prouvez que prendre quelques instants pour réfléchir en été n’est pas du temps perdu ou gâché. Merci d’être présent! |