Logique, notre justice? Imprimer
Johnny Marre
Lundi, 11 Juillet 2011

Depuis notre plus tendre enfance, afin que nous devenions et que nous soyons des humains respectueux et responsables, envers nous et envers tous les autres terriens que nous aurons à côtoyer de près ou de loin, nos parents et nos éducateurs nous enseignent les règles à suivre. Même Dieu, connaissant trop bien la nature de ses Adam et Ève, a senti le besoin d’établir les dix commandements de toute vie humaine pour que tout ce beau monde puisse s’épanouir dans la plus grande harmonie possible. À défaut de ne pas respecter un ou l’autre de ces commandements, il nous menace du châtiment éternel et de l’impossibilité de siéger à ses côtés quand viendra le jugement dernier. Qui dit commandement, dit obéissance, ou sinon il y a un prix, plus ou moins élevé, à payer.

L’Église, qui a pris la relève du séjour terrestre de ce Dieu, ne s’est pas contentée de veiller au respect de ces dix commandements divins, mais elle y a ajouté au fil du temps la notion de péché, véniel ou mortel. Elle a même décrété les sept péchés capitaux. Autant que pour les commandements, il y a une pénalité si nous versons dans l’un ou l’autre de ces péchés typiquement humains. Cela peut aller de trois Ave à un chemin de croix, mais surtout l’engagement de ne pas récidiver. Dans nos familles, nos parents, plus souvent qu’autrement notre mère, établissent les règlements à observer pour la bonne marche de cette micro-société. Encore là, s’il y a non-respect de ces commandements familiaux, il y a une conséquence, parce que les enfants doivent apprendre que, dans la vie, si on déroge aux règles établies, il y a un prix à payer. Chez nous, cela pouvait aller d’une tape sur les mains ou sur les fesses jusqu’à la privation de dessert à la mise à genoux dans un coin les bras en croix. La juge (parce que nous n’avions pas droit à un jury) établissait la culpabilité et le prix à payer. Je trouvais souvent cela injuste. Aucune explication ou justification n’était valable. C’était sa justice à elle.

L’école, de la petite jusque au collège, autre micro-société, a aussi ses règles à suivre avec toujours cette même recherche de permettre à tous de vivre en harmonie et dans le respect mutuel. Il y a là aussi des conséquences si nous déviions du sentier battu et des balises établies. Au primaire, dans mon « bon vieux temps », il y avait la strappe ou la copie. C’était la justice du temps. Au collège, c’étaient des heures de retenue en dehors de l’horaire régulier. Là aussi, nous n’étions pas toujours d’accord ou nous trouvions leur sanction exagérée pour le « crime » commis. Aucune explication ou justification n’était valable. C’était la justice de nos éducateurs du temps. Aujourd’hui, un enseignant qui prend un enfant par le bras pour le ramener à la raison, c’est lui qui risque d’être sanctionné. Autres temps, autres mœurs!

Puis, nous arrivons dans la grande vie avec ses lois et règlements. Alors qu’autrefois, fumer était un signe de virilité même dans un hôpital, aujourd’hui, si tu es pris à fumer dans un lieu public, tu seras sanctionné. Même si tu prétends que c’est plus fort que toi, que tu es accro de la cigarette, que tu ne pouvais plus te retenir, il n’y aura pas de pardon. Évidemment, si tu avais été un simple fumeur d’occasion, tu n’aurais pas commis ce « crime ». Mais que veux-tu?, la loi, c’est la loi.

Tu files à plus de 120 km sur la 15. Pour ton plus grand malheur, un policier de la SQ s’en est aperçu avec son radar. Tu écopes d’une amende sucrée et de points de démérite. C’est bien sûr que tu as une excellente excuse. Tu es en retard à ton travail ou à un rendez-vous important. En temps normal, tu aurais respecté la limite de vitesse. Pauvre toi! Le policier ne veut rien savoir. C’est logique. La loi, c’est la loi.

Tu voles un jambon à l’épicerie pour essayer de nourrir ta famille. Comme toujours, tu n’es pas chanceux dans la vie. Non seulement une caméra de surveillance a capté ton « crime », mais un garde de sécurité t’attend à la porte. Comme le vol est inadmissible dans toute société, tu devras en payer le prix. C’est bien sûr que tu avais une excellente raison de commettre ce vol. En temps normal, si tu n’étais pas super endetté et sans travail depuis des lunes, tu n’aurais jamais fait un tel geste répréhensible et tu aurais payé ce jambon avec ton argent durement gagné. Mais que veux-tu? C’est logique. La loi, c’est la loi.

Ta femme t’a quitté. Tu te crois détruit à tout jamais. Tes sentiments sont tous mêlés. Tu vogues de la vengeance au déni, de la colère au mépris. Puis, un bon soir, dans je ne sais quel moment de délire, tu éclates. Tu penses à mettre fin à tes jours, mais aussi à ceux de tes enfants chéris. Bien évidemment, dans un tout autre contexte, tu ne laisserais pas libre cours à ton délire. Tu chérirais tes enfants et tu ferais de merveilleux projets pour eux dans l’avenir. C’est très compréhensible que, dans les circonstances actuelles, tu perdes le nord. Tu devrais être hautement sanctionné pour un crime que tu reconnais très bien avoir commis. Veinard! La justice te pardonne, t’excuse. Elle sait que tu n’es pas un méchant type dans le fond. Que veux-tu? C’est logique. La loi, c’est la loi. Et la loi humaine actuelle au Québec permet de ne pas être sanctionné si tu as une excuse hautement valable. Car des rencontres avec des psychiatres, il y a pire comme sanction.

Logique, notre justice pour le fumeur, le chauffard, le voleur, le pédophile, le fraudeur, le violeur, le mafioso, alouette… Logique, notre justice pour tous les meurtriers? C’est ce que le peuple peine à comprendre dans cette logique, car le cinquième commandement divin ne dit-il pas que tu ne tueras point, sans aucune nuance?

Johnny Marre

 
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