P'pa, j'aimerais cela avoir un vélo. Imprimer
Johnny Marre
Lundi, 21 Février 2011

J’ai toujours eu de la difficulté avec la logique économique de nos dirigeants, peu importe leur niveau, scolaire, municipal, provincial ou fédéral. Quand le peuple exprime ses véritables besoins prioritaires, quand les employés mettent en lumière les lacunes au niveau de leurs outils de travail ou de leurs conditions de travail, ces gouvernants ont presque toujours le même discours : « On n’a pas les moyens pour le moment. ». Ils font appel à la bonne compréhension de tous en raison d’une situation qui est presque toujours précaire.

Il y a aussi le volet des enveloppes (pas les brunes, celles budgétaires!) qui, supposément, les empêchent de transférer le budget d’une enveloppe vers une autre, besoin ou pas. Quand j’enseignais (et je n’ai aucune raison de croire que c’est différent aujourd’hui), la direction de mon école m’attribuait un petit budget pour le bon fonctionnement de ma classe en fonction d’enveloppes budgétaires que la Commission scolaire lui avait attribuées, le tout en relation avec les enveloppes budgétaires que le gouvernement, plus précisément, le ministère de l’Éducation, avait octroyées aux dirigeants scolaires pour la bonne administration de notre système d’éducation au Québec. Ouf! En tant qu’employé responsable, il pouvait arriver une année que mes besoins de dépense soient inférieurs au montant alloué par ma direction, tout comme, l’année suivante, je pouvais, au contraire, avoir besoin d’un petit peu plus d’argent pour un projet particulier et stimulant que je désirais vivre avec mes élèves. Il m’était impossible d’en mettre un petit peu en réserve pour pouvoir réaliser mon projet de l’année suivante. On m’incitait plutôt à le dépenser totalement, sinon je ferais la preuve que je n’avais pas besoin d’autant d’argent pour le bon roulement de ma classe. Alors, je dépensais, comme tous mes autres confrères et consœurs, le budget qui m’était alloué pour ne pas avoir un budget plus restreint l’année suivante. Et si, l’année suivante, je faisais appel au budget de l’école pour mon projet particulier, il se devait d’être très particulier pour que ma direction d’école trouve le budget supplémentaire dont j’avais besoin. Il fallait surtout qu’il y ait un petit coussin à cet effet à quelque part dans le budget de l’école pour que ma direction se permette une telle ouverture budgétaire.

C’est la même logique qui s’appliquait pour la direction de mon école face au budget et aux enveloppes budgétaires que lui allouait la Commission scolaire. Et cette dernière logique était tout aussi édifiante pour la Commission scolaire versus le gouvernement. Si quelqu’un, quelque part dans la pyramide, fait la démonstration qu’il peut administrer son budget à moindre coût une année, il est plus que vraisemblable que, dans le futur, on lui demandera d’appliquer cette même discipline budgétaire, même si les besoins ou les projets peuvent différés de l’année dite exemplaire.

Une petite anecdote. Quand j’ai atteint mes 25 ans de carrière et de service pour cet employeur, la commission scolaire avait l’habitude d’organiser une grande soirée pour souligner les 25 ans de tous ses employés. Lors de cette soirée, où nous étions invités avec notre conjoint ou conjointe, cela va de soi, dans un grand hôtel de Laval, il y avait un souper somptueux avec hommages et cadeaux aux hommagés. L’événement se voulait une façon pour l’employeur de marquer sa reconnaissance pour les services rendus et de se montrer un bon boss, même si le restant de l’année, il savait faire la sourde oreille aux demandes très légitimes de ces mêmes employés. Cette soirée lui donnait une belle jambe, tout comme ce mari qui a amené sa conjointe au restaurant pour la Saint-Valentin, mais qui aura d’autres préoccupations presque tous les autres jours de l’année.

Ne désirant pas participer à cette soirée pour souligner ce qui m’apparaissait une haute manifestation d’incohérence de mon employeur, j’ai plutôt adressé une lettre très courtoise à mon directeur-général et à la présidente d’alors de la commission scolaire pour leur demander que les dépenses qu’aurait encourues ma participation à cette soirée (facilement, au moins deux cents dollars), que ce budget soit versé à ma direction d’école pour qu’elle le mette par la suite à ma disposition pour mes projets en classe. Vous êtes très perspicaces! Eh, oui! Ils ont refusé de transférer cette économie vers le budget de ma classe, car, vous l’aurez facilement deviné, cela ne faisait pas partie de la même enveloppe budgétaire. Naïveté de ma demande ou gérance obtuse d’un budget???

Il y a donc ces incohérences budgétaires à la base, mais il y a aussi ces incompréhensions dans les choix budgétaires. Si William demande à son père ou à sa mère un vélo (un simple vélo, rien de luxueux!) parce que le sien n’est plus tellement adéquat et qu’il se fait répondre que, pour le moment, papa et maman n’ont pas les moyens, il essaiera de comprendre qu’il se doit d’attendre. Toutefois, si, quinze jours plus tard, ses parents lui annoncent qu’ils ont décidé de se payer une petite vacance en amoureux dans le Sud parce qu’ils sont fatigués et qu’ils l’ont bien mérité, il y a des chances que William comprenne moins bien.

J’en ai marre de mon gouvernement qui a de l’argent pour un complexe sportif et culturel à Québec, pour des voyages aux coûts parfois douteux, pour des dépassements de coûts dans des travaux routiers ou des CHUM, pour des administrateurs à la tonne avec leurs primes au rendement, alouette… mais qui semble incapable d’en trouver pour payer adéquatement ses procureurs, entre autres, pour soutenir les enseignants et leurs élèves en difficulté, pour équiper efficacement tous nos hôpitaux, encore et encore alouette…

Est-ce rêver en couleurs que de croire que nous pouvons avoir des gouvernants et des gestionnaires qui administrent nos taxes et nos impôts en bon père de famille, comme le veut le dicton populaire???

Johnny Marre 

 

 
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