Blanc comme neige? |
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Johnny Marre |
Lundi, 24 Janvier 2011 |
Toute cette panoplie de gestes qui n’ont rien d’illégaux peut très bien échapper à une quelconque condamnation, car, encore là, vous pouvez réussir à semer le doute, mais, de là, à en faire la preuve, c’est une autre paire de manches. Si les choses n’étaient que noir ou blanc, tant pour ce qui est illégal que pour ce qui n’est pas sanctionné, on n’aurait pas besoin de caméra cachée ou non, de lignes téléphoniques sous écoute, de délateurs… Ce serait si simple. Le juge Michel Bastarache vient de rendre public son rapport. On apprend, sans aucune surprise, que la preuve noir sur blanc des allégations de Marc Bellemare n’a pas été faite, mais que le processus de nomination des juges est loin d’être non partisan, puisqu’il est pourtant fortement recommandé de corriger cette situation nullement illégale. Quand on a été juge et, à plus forte raison, de la Cour suprême du Canada, on ne peut travailler qu’avec la logique légale, à savoir que l’on ne condamne jamais quelqu’un sans une preuve en béton. La parole de l’un contre la parole de l’autre n’a jamais de valeur légale. Est-ce à dire que notre premier ministre n’a jamais fait ce que lui reproche Marc Bellemare? Est-ce à dire que des pressions pour des nominations à différents postes de la magistrature ou des services gouvernementaux, cela n’existe pas? Est-ce à dire que les retours d’ascenseurs, cela est de la science-fiction politique? Le simple bon sens du peuple lui dicte que les zones grises existent depuis toujours, tant dans nos vies personnelles que dans celles de nos dirigeants. C’est d’ailleurs très symptomatique qu’au lendemain du dépôt du rapport Bastarache, de nombreux médias ont titré « Jean Charest se dit blanchi » et non « Jean Charest est blanchi ». Il y a ici une nuance importante qui n’est nullement innocente. De là à délirer comme l’éditorialiste de La Presse, André Pratte, l’a fait, le 20 janvier dernier, en concluant son éditorial par un « Ça ne sera pas la première fois que la foule préfère le lynchage à la justice », il y a certes là aussi place pour un peu plus de retenue. Le peuple ne veut pas tuer. Il veut que l’on ne le prenne pas pour un idiot. Il se réserve seulement le droit de déterminer en qui il investit sa confiance. Cette confiance, c’est comme le respect. Cela se mérite. J’en ai marre de tous ces gens qui voudraient que l’on ne pense qu’en noir et blanc. Est-il possible en 2011, non seulement de rêver un peu en couleurs, mais aussi de penser dans toutes les teintes possibles et de valoriser toutes ces belles nuances de gris? Un arc-en-ciel, c’est si beau! Même politiquement…
Johnny Marre |