Pauvre Père Noël! |
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Johnny Marre |
Lundi, 13 Décembre 2010 |
Autrefois, cette ère presque préhistorique où la carte de crédit, la marge de crédit ou les paiements en cinquante versements n’existaient pas, on se contentait de se donner un cadeau à la mesure des sous déjà gagnés, quand on ne le fabriquait pas soi-même de ses propres mains. À cette époque, le bon vieux Père Noël pouvait partir faire sa tournée de toutes les cheminées (car toutes les maisons en possédaient une en ces temps déjà lointains!) sans trop de difficultés. Ses rennes, avec Nez rouge en tête, pouvaient tirer facilement le traîneau dans le ciel étoilé, ces étoiles qui leur servaient de guide.
Il a souvent la nostalgie de cette période où les enfants étaient tout contents de leur petit bas de Noël où reposait fièrement dans le fond une orange. Il se souvient aussi de ces Noëls où une simple poupée, un petit train électrique ou un jeu de Mécano comblaient les enfants qu’ils visitaient. Peut-être n’avait-il pas encore de verre de lait et des biscuits qui l’attendaient à chaque maison, mais il avait la certitude que chaque enfant, tout comme chaque adulte, était heureux de l’unique cadeau qu’il recevait. Puis, la modernité a fait petit à petit son nid dans la vie des gens pour les convaincre qu’il est ridicule de se contenter de si peu quand on peut donner et recevoir tellement plus. C’est alors que les problèmes du Père Noël ont commencé. Cette modernité lui réclame beaucoup plus de productivité et un service sans cesse à la hausse.
Récemment, une étude d’une de nos grandes banques établissait que 30% des gens achèteront pour Noël des cadeaux dont ils n’ont vraiment pas les moyens de se payer, au-delà des cartes de crédit ou autres possibilités bancaires et de financement. C’est donc 3 Québécois sur 10 qui le feront quand même, malgré l’illogisme de cette situation sur le plan économique. Pourquoi? Parce qu’ils ne veulent surtout pas passer pour « cheap » ou moins généreux que par le passé. Car, dans ce domaine, la surenchère à tous les niveaux, des cadeaux aux réceptions, est la nouvelle reine. Les multiples publicités à la télévision, dans les journaux ou dans notre Publi-sac nous invitent à choisir non pas de petits cadeaux peu dispendieux, mais plutôt des cadeaux dispendieux du style jeux électroniques avec leurs composantes essentielles, des cinéma-maison ou autres petits bidules de cette catégorie pour la maison, quand ce ne sont pas des voyages chez Disney ou ailleurs. The sky is the limit, disent les Japonais?
J’en ai marre que nous ayons perdu de vue la notion de simplicité. Cela m’attriste tout autant. Annie Villeneuve, cette chanteuse québécoise au richissime conjoint, affirmait récemment qu’elle appréciera davantage un petit mot d’amour de son Guillaume que le plus extravagant des cadeaux qu’il peut se permettre de lui donner. J’ai trouvé cela très rafraîchissant. En cette période des Fêtes qui cogne déjà à notre porte, ayons une pensée pour ce pauvre Père Noël, pour son sac et pour ses rennes qui ont de plus en plus de difficultés à se guider avec les étoiles parce que nos cieux le sont de moins en moins… étoilés. Joyeuses Fêtes à vous tous… avec simplicité si vous le pouvez!
Johnny Marre |