T'aider? Es-tu fou? Imprimer
Johnny Marre
Lundi, 12 Juillet 2010

Vers la fin des années soixante, alors que j’avais en poche un contrat pour débuter dans l’enseignement, j’ai décidé de m’acheter une toute petite auto, une Renault 5, pour me déplacer à mon travail et pour, naturellement, mon plaisir. Ma caisse populaire était prête à me prêter l’argent nécessaire à l’achat de mon premier véhicule à la condition que je me trouve un endosseur. Pour eux, mon contrat n’était pas suffisant. Il n’était pas une garantie.

Même s’il me connaissait personnellement et que j’étais membre de cette caisse depuis déjà plusieurs années, cela ne suffisait pas. On m’expliqua que je n’avais pas encore fait la preuve d’un très bon dossier de crédit puisque je débutais sur le marché réel de l’emploi. N’ayant pu trouver cet endosseur, j’ai donc traversé en face de ma caisse populaire pour faire affaires avec Household Finance qui m’a accueilli les bras ouverts et avec le taux d’intérêt en conséquence. Tout au long de mes décennies subséquentes, malgré un dossier de crédit sans aucune tache, j’ai toujours rencontré cette réticence à me prêter ou à m’avancer l’argent demandé. Donc, l’excuse donnée lors de ma première démarche était de la foutaise. À chaque fois, il y a toujours eu la demande de garanties en béton et même en béton armé à l’occasion. En parallèle, il y avait toujours ces compagnies de finances prêtes à m’avancer tout l’argent que j’espérais avec, évidemment, les taux d’intérêt qui témoignaient de l’ampleur de leur affection. 

Aujourd’hui, on me parle des nouvelles normes de Desjardins (c’est le même discours dans les banques!). Il me faut comprendre que depuis les Vincent Lacroix et Earl Jones de ce monde, les choses ne sont plus comme avant. Foutaise! C’était comme ça, il y a plus de quarante ans. On adapte le discours. Sans plus. Dans cet univers de la haute finance où plus souvent qu’autrement les profits riment annuellement avec milliards, tu n’es crédible que si tu offres de très solides garanties à l’épreuve de tout ou presque, ou si tu t’appelles un richissime homme d’affaires, un magnat de la finance. Dans ces cas-là, tu auras droit au tapis rouge et à toute notre considération, car si tu peux nous coûter cher, tu peux surtout rapporter gros à l’institution bancaire.

Personnellement, je fais partie ni des biens nantis de notre société, ni de ceux moins privilégiés. Je suis au milieu. Je suis un parfait exemplaire de la classe dite moyenne. À part mes contacts avec une caisse ou une banque, je ne m’en plains pas. J’aimerais juste que la confiance de ma Caisse soit à la hauteur du respect que j’ai toujours eu à payer année après année tant mon hypothèque que tous les autres emprunts qui ont parsemé mon cheminement de vie jusqu’à ce jour.

Je n’ose m’imaginer ce que serait ma vie si je faisais partie des moins nantis de notre société. Encore moins, si j’avais déjà fait une faillite dans le passé. Qui me ferait confiance? Qui m’aiderait à me sortir la tête de l’eau financièrement et à me faire une vraie place au soleil, non pas un éternel 4½ miteux ou un sous-sol minable appartenant à un homme d’affaires prospère qui refuse d’apporter les correctifs qui s’imposent pour ma santé et celle des miens?

Quitter mon sous-sol minable à 450$ pour aller habiter un 4½ à 750$? Est-ce la solution? Si je découvrais une petite maison à vendre où mon hypothèque serait équivalente ou à peine plus élevée que mon loyer du sous-sol, est-ce qu’Il y aurait une caisse ou une banque qui voudrait me financer? Est-ce qu’il y aurait une compagnie d’assurances qui accepterait d’assurer ma future maison à sa juste valeur et à des taux acceptables, même si je ne m’engage pas avec un déductible élevé ou que je ne fais pas partie d’un groupe (comme les enseignants!) qui a droit à des taux moins élevés parce qu’ils ont, eux, un pouvoir de négociation que moi, je n’aurai jamais?

Soyons sérieux deux minutes, monsieur! Il est évident que plus vous êtes un gars en moyens, comme ils disent, plus vous nous intéressez. Mais vous, avec vos conditions minimales, comment voulez-vous que vous puissiez nous intéresser un jour? Hormis que vous gagniez à la 6/49, ce qui est loin d’être probable puisque vos chances sont une sur 14 millions et que plus de 75% des gagnants ne sont pas au Québec!!!

Je veux bien vous croire, mais si vous m’aidiez autant que vous aidez les bien nantis, je pourrai certes devenir de plus en plus intéressant pour vous et pour tous vos petits copains! J’ai juste besoin que vous me faisiez confiance un peu. Est-ce trop demandé? Y a-t-il une place véritable au soleil pour tous les gens de ma race, comme aurait dit un certain Ovide Plouffe de regretté mémoire?

J’en ai marre de ce système économique qui aide ceux qui n’en ont pas besoin par le biais de taux préférentiels et de tarifs plus avantageux les uns que les autres aux dépens de ceux et celles qui devraient être les premiers à bénéficier de ces privilèges. Si on ne veut pas créer vraiment des classes de citoyens économiques, il est urgent que nos gouvernants s’attaquent à cette plaie sociale. Penser ainsi, c’est loin d’être de la folie! Aide-toi et le ciel t’aidera, dit-on. Si c’était aussi facile… Serait-ce que les caisses et les banques, ce ne sont pas eux, le ciel???

Que le respect passe avant tout pour ceux et celles qui en ont le plus besoin!

Johnny Marre 

 
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