Une adolescence nationale qui s'éternise… |
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Johnny Marre |
Lundi, 29 Juin 2009 |
Nous sommes alors logés, lavés, nourris. Papa ou maman nous passe régulièrement leur auto, quand ils ne nous en achètent pas carrément une. À 18 ans, on nous permet de voter et de fréquenter les bars. Nous avons tous les droits et privilèges rattachés à l’enfance et à l’adolescence, tout en jouissant des mêmes libertés que les adultes. Au moment où nous célébrons les fêtes nationales du Québec et du Canada, je me désole de constater que nous sommes un peuple adolescent. Car un peuple, c’est comme un individu. Ça naît, ça vit, ça développe sa propre dynamique et sa propre spécificité, et ça meurt par assimilation ou autrement. Notre nation, le Québec, vit dans une grande famille d’accueil canadienne depuis déjà 142 ans. Comme tout ado, nous tenons à notre spécificité. Comme tout ado, nous voulons avoir toute la latitude pour nous développer au maximum. Comme tout ado, nous nous plaignons avec habileté de notre pauvre situation pour permettre à nos parents de mieux nous comprendre. Nous menaçons même de quitter la maison familiale, la maison canadienne, mais, comme tout ado, nous n’avons jamais le courage de passer des paroles aux actes. Nous hésitons souvent dans le cadrage de la porte. Il faut dire que nos parents, les dirigeants canadiens, et même nos frères et sœurs, savent toujours trouver les mots pour nous retenir. J’en ai marre de notre adolescence nationale qui s’étire sans horizon d’adulte. De deux choses l’une, ou nous nous assumons pleinement en tant que nation adulte avec tous les droits, obligations, responsabilités et libertés qui en sont l’essence même, ou nous sommes incapables de couper le cordon familial parce que nous sommes trop bien finalement dans notre famille d’accueil canadienne. D’une façon ou d’une autre, assumons-nous! Quittons le giron familial ou devenons un des bâtons de vieillesse de nos parents canadiens! Cessons de tergiverser! Si nous sommes incapables de quitter cette belle famille canadienne, alors cessons une fois pour toutes de nous comporter en ado éternel! Être un bâton de vieillesse, ça implique aussi de nous comporter en adulte. Être un bâton de vieillesse, c’est consacrer sa vie au bien-être et au mieux-être de nos parents et des autres membres de la famille qui ont aussi décidé de rester dans la maison familiale. C’est ce que nous voulons comme destin? Assumons-le! Sinon, assumons pleinement notre propre identité et notre propre destin. Finissons-en avec l’adolescence! Nous sommes bien assez vieux pour cela, Québécois et Québécoises! Johnny Marre
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